MOOC : un business model qui reste à trouver

Share |

A l’occasion d’un webinaire organisé en octobre 2013, Michel Diaz, directeur associé de Féfaur (société de conseil spécialisée dans le elearning) et Philipe Delanghe, directeur général UNI Learning (création de contenus elearning sur mesure) ont analysé l’émergence des MOOC (massive online open course). Quels sont les enjeux ? Quels risques pour les organismes de formation ?

Malgré le buzz qu’il suscite sur internet, le concept du « MOOC » (cours massif en ligne gratuit) n’a rien de révolutionnaire. « On n’a pas attendu 2013 pour avoir du contenu dédié à la formation gratuit sur internet » déclare en préambule Michel Diaz. « Dans  90 % des cas, le MOOC est un savant mélange entre une présentation PowerPoint et des vidéos d’enseignant de 3 à 7 minutes. L’ensemble, sans grande qualité visuelle, rappelle la télévision pédagogique des années 60 » ajoute Philippe Delanghe.

Ce qui change, c’est à la fois l’ampleur du phénomène, la gratuité - appréciable en temps de crise - ainsi que la liberté sans précédent offerte par ce mode d’apprentissage. On se connecte quand on veut, afin de suivre la séquence de son choix. Seul impératif : ne pas manquer l’inscription car un MOOC ouvre et ferme à dates fixes.

Autre élément novateur : la co-construction pédagogique car le savoir des participants est mis à contribution. Michel Diaz parle même d’une « prise de pouvoir des apprenants au sein des communautés ». L’aspect financier, enfin, est un enjeu majeur. Pour preuve : l’entrée des fonds de pension américains, peu connus pour leur philanthropie, dans certains MOOC aux Etats-Unis.

Quel modèle économique ?

Même si le business model n’est pas encore clairement établi, le MOOC est potentiellement « bankable ». Les apprenants, intéressés par un certificat orné du nom d’un établissement prestigieux (Harvard, Polytechnique…), sont prêt à payer. Pour les écoles et universités, le MOOC est un produit d’appel. Enfin, les revenus indirects générés par la monétisation des données façon Facebook est une piste qui reste à explorer. D’autant plus que le profil des apprenants (éduqués, CSP +…) intéresse les annonceurs.

Formateur, êtes-vous « moocable » ?

Mais tout n’est pas rose au pays des MOOC. Côté apprenant, le risque de décrochage et de procrastination demeure : les limites du système sont celles de l’auto-apprentissage. D’après Michel Diaz, le taux d’abandon est estimé à 85 % environ. L’autre écueil est la quantité de travail requise pour créer un MOOC : le directeur de la Féfaur estime qu’une centaine d’heures est nécessaire pour créer 10 heures de cours. Les MOOC représentent, pour finir, une concurrence pour les organismes de formation et les formateurs (comment gagner de l’argent si le cours est gratuit ?). Côté formateur, il interroge sur les compétences : êtes-vous capable de présenter votre cours de manière suffisamment charismatique pour garder en haleine plusieurs milliers d’apprenants à distance ? Bref, êtes-vous un formateur « moocable » ?

Christina Gierse

Quelques MOOC célèbres

- Le MOOC de l’école Centrale Lille ouvert début 2013 et axé sur la gestion de projet, a compté 10 000 inscrits et rencontré un fort taux de satisfaction.

- Le MOOC de la Sorbonne en droit des entreprises est destiné aux créateurs et repreneurs.

- FUN (France Université numérique) : le MOOC public « à la française » lancé par le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.

- Le MOOC de la TV des Entrepreneurs porte sur la création d’entreprise et compte une centaine de vidéos.

- La plus grande plate-forme française à ce jour est Coursera. On peut y trouver aussi bien des cours de neurologie, que de guitare.

à lire également

Dans la même rubrique

RECHERCHER UNE FORMATION

AEC logo


Recherche guidée thématique

Recherche par thème :