Préoccupation permanente que l'engagement des apprenants dans leur formation, dès lors que l'effet de nouveauté est passé… Ce que traduisent les statistiques décevantes remontées par les plateformes LMS : si les apprenants ne sont pas contraints (par exemple par une formation délivrant une habilitation), ils s'y connectent moins souvent qu'on le souhaiterait, et pour des durées en général bien courtes… C’est le fameux "défaut d'engagement", ou de motivation, mais les deux ne se valent pas tout à fait : la motivation est plutôt un état d'esprit (je, tu, il, elle, nous sommes motivés) quand l'engagement est observable au quotidien, dans les actions touchant jusqu’aux tâches professionnelles les plus menues.

Comment créer les conditions de cet engagement de l'apprenant au moment où le Digital Learning ("orienté apprenant") lui offre le premier rôle / responsabilité.

De la conduite du changement à la création d'un écosystème d'engagement

Premier axe, connu (quoique) : conduire le changement. Avec cette réduction fréquente : conduire le changement, ce serait mieux communiquer. Communiquer, il le faut certes : parce que le changement porté par le Digital Learning est considérable, aussi bien dans les modalités pédagogiques ou les postures attendues des acteurs de la formation, que dans l'extension de la formation à de vastes populations qui n'étaient pas touchées autrefois par la formation continue traditionnelle, ou dans la durabilité du Digital Learning (il est là pour rester). Mais la communication ne suffit pas, surtout quand elle se limite à un teasing inaugural : convaincre les apprenants suppose d'avoir répondu à de réelles inquiétudes sur ce qu'on attend d'eux, notamment à travers la mise en oeuvre d'un support (aux apprentissages, à la performance) pratique, adapté, durable. Par ailleurs, comment convaincre l'apprenant de se former et d'appliquer ses savoirs si les formateurs ne sont pas eux-mêmes partie prenante, pleinement engagés dans cette nouvelle approche, a fortiori si le manager ne s'engage pas à créer les conditions de cette bonne application ? C'est en ce premier sens qu'on peut parler d’un « écosystème d’engagement » (Féfaur) : métiers et fonctions support doivent se mettre à la manoeuvre, et avec elles toute l'entreprise : certaines cultures d'entreprise sont apprenantes, d'autres non.

Des ressources et un portail engageants

Cet écosystème d'engagement n'est pas réduit aux acteurs. Il intègre des ressources utilisables en formation et en support temps réel à la performance individuelle et collective. Ce qui distingue une ressource engageante ? La qualité de l'expérience apprenant qu'elle permet de délivrer (pendant de l'expérience utilisateur ou de l'expérience client) : agréable, gratifiante, donnant envie d'y revenir ou de poursuivre… Un niveau d'expérience peu fréquent, ce qui explique largement la désaffection des apprenants pour le e-learning et ses modules bavards, qui aplatissent l'essentiel et l'accessoire, à suivre linéairement (l'écran est pourtant un espace à deux dimensions, voire 3D pour les concepteurs qui savent s'y prendre), mal sonorisés, ponctués de quiz aux questions parfois incompréhensibles (à moins qu'elles insultent à l'intelligence)… Une expérience que l'apprenant cherchera à s'éviter, parfois avant même qu'elle ait vraiment démarré, à cause de ces secondes de trop où les pages attendent d'être téléchargées, ou parce qu'elles sont inaccessibles sur le smartphone ou la tablette… La meilleure conduite du changement ne peut rien contre des ressources pédagogiques trop loin des attentes et modes de consommation des apprenants. C'est aux designers (concepteurs) qu'il appartient d'apporter la bonne réponse. Design des ressources pédagogiques (prenant en compte par exemple l'avénement de la vidéo) ; design des parcours (ensemble de ressources, présentiel y compris), design de l'architecture générale, et bien sûr du portail de formation qui supporte ces ressources et les transactions qu’elles alimentent (notamment entre co-apprenants, dans des communautés de pratique).

Deux champs d'action complémentaires

L'engagement de l'apprenant passe par la déclinaison d'une stratégie réflechie dans chacun de ces domaines : design pédagogique et conduite du changement… A traiter par la formation comme un écosystème d’engagement, à doter d'un plan d'action et des moyens nécessaires !

A propos de l’auteur

Michel Diaz est Directeur associé de Féfaur, premier cabinet d'études et de conseil e-learning indépendant sur le marché français et l'un des leaders européens, au sein duquel il conseille et accompagne les grandes entreprises et organisations dans leur stratégie et gouvernance e-learning et formation mixte. Conférencier recherché, il intervient et publie régulièrement en France et à l'étranger. Il est par ailleurs Directeur de la rédaction du site e-learning Letter.

Actualité : Michel Diaz et Elodie Primo (Directrice générale de MOS-MindOnSite) co-animeront le Webinar « Comment renforcer l’engagement du salarié-apprenant », le 14 avril 2015 (11h-12h).

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