Le professional branding a-t-il du sens ? Par Stéphane Diebold

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Dans un monde d’infobésité, où l’information écrase la valeur des choses, les personnes se trouvent prises dans le besoin de visibilité. Se faire remarquer, marquer, marketer pour être identifiable et construire des opportunités. Le professional branding est un outil au service des entreprises pour permettre à ses collaborateurs d’écrire leur talent. De quoi parle-t-on au juste ?

Le professional branding consiste à mettre en histoire sa propre  histoire professionnelle, en lui donnant une cohérence au service d’un projet, écrire une histoire de son passé qui donne envie de se lancer dans l’histoire d’un avenir.

Le premier à avoir abordé le sujet est Peter Montoya, en 1997, lequel a poursuivi ses investigations pour, en 2002, proposer deux ouvrages à savoir « The brand called you » et « The personnal branding phenomenon ». Ainsi naquit le personnal branding, cette façon de se mettre en visibilité comme on met en visibilité une marque produit. Mais c’est en 2007 que William Arruda et Kirsten Dixson ont proposé d’utiliser les techniques du personnel branding pour construire sa carrière, se vendre soi-même et se faire marketer professionnellement. Ainsi naquit le professional branding, un personnal branding adapté à la valorisation de son histoire professionnelle. La notion de professional branding ouvre des perspectives particulièrement intéressantes.

 

La nécessité de savoir différencier sa propre histoire

 

En situation de crise, il n’y a pas assez d’emploi pour satisfaire l’ensemble des demandes. Il y a donc concurrence autour de la rareté et cette concurrence nécessite de savoir se différencier. La différenciation est bien connue des politiques de marketing produit. On propose une archéologie de l’histoire pour déterminer autour de temps forts, une réécriture qui résonne, une base line professionnelle. Le pitch elevator est un outil bien représentatif : savoir en moins de 3 minutes se présenter et susciter l’intérêt de son interlocuteur pour susciter un questionnement. Encore faut-il trouver l’argumentaire qui corresponde à notre interlocuteur. La notion d’employabilité a renforcé le besoin de professional branding, il ne s’agit pas d’avoir des capacités pour avoir un emploi, mais d’être suffisamment attractif pour susciter l’envie de nous donner une chance d’être essayé, « m’essayer, c’est m’adopter ». Savoir parler non pas seulement de ses propres envies mais aussi de celle de l’autre, une nouvelle approche professionnelle.

 

Les critiques sont nombreuses et pour une bonne part légitime, mais il est possible de voir la situation sous un autre angle : chacun peut être producteurs de sa propre valeur, au lieu d’être spectateur d’une compétence attribuée par un tiers, on apprend à se raconter avec bien sur le factuel mais aussi l’art de faire de soi une belle histoire, en mettant une couleur dans sa façon de tisser sa vie professionnelle, de créer une légende professionnelle qui en dit bien plus sur la façon de penser le travail que les seules expériences. Il y a un rapport nouveau qui s’ouvre entre l’individu et le social, il devient créateur de sa vie professionnelle, l’obligeant à penser son projet personnel et à le mettre en société… le marketing revient à trouver les mots, les images,… qui donnent du sens… donner du sens à sa vie… belle ambition qui sonne comme un slogan marketing.

 

Stéphane Diébold a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, et est aujourd’hui président fondateur de l'AFFEN (Association française pour la Formation en entreprise et les Usages numériques). 

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