Le selfie comme support de formation ? Par Stéphane Diebold

Share |

Le selfie est cette mode qui consiste à se prendre en photo, autoportrait pris dans n’importe quelle situation et n’importe quel environnement. Certains hommes publics utilisent le selfie pour se construire une image « sympa ». S’agit-il d’une tendance à suivre ? En formation, que doit-on faire de cette mode ? Attendre la suivante ?

 

« Selfie », de « self », qui veut dire « soi-même ». Le « selfie » est cet autoportrait pris à bout de bras grâce aux nouvelles techniques iconographiques. Barack Obama a montré son gout de se prendre en photo avec ses homologues pour sa page Facebook. Il existe les pros du selfie. Le selfie est né de la jeunesse. Son succès serait-il le fruit du jeunisme ambiant, ou de quelque chose de plus profond ?

Le selfie est la désacralisation de la photo d’identité. Et c’est en cela qu’il est intéressant pour les institutions, et donc la formation. Le selfie est une photo vivante, naturelle et intime. Il est même conseillé d’avoir des défauts ! Un selfie trop institutionnalisé redevient une photo d’identité et perd de son intérêt. A travers le selfie s’affirme un refus de la fossilisation des images.

Le second atout du selfie est que chacun apporte sa « touche personnelle » à cette tendance. Mais cette originalité est loin d’être antisociale : chaque espace possède ses codes. La tribu professionnelle, même délirante, est rarement la même que celle de la famille ou des amis du samedi soir…  Autrement dit, le selfie est vivant et différent suivant les situations et les âges de la personne.

 

Le selfie comme fédérateur de communautés ?

 

La formation s’est souvent fossilisée dans ses supports. Elle peut profiter de la tendance du selfie en surfant sur la mode, voire l’intégrer dans sa propre culture. Imaginons un instant que chaque membre de la communauté apprenante réalise ses propres selfies. Au début un peu gauches et rigides, ces images vont évoluer au fil du temps vers quelque chose qui ressemble davantage à ses auteurs. Il s’agit d’ouvrir la pratique des selfies afin de construire un nouveau rituel qui raviverait la formation.

Une autre piste est la réappropriation de ce nouvel outil dans le but d’en faire un outil pédagogique conscient : la « learning expedition » peut ainsi devenir un « road moving » dont l’apprenant est le coeur. La finalité serait de faire de chaque formation une aventure individuelle au service du collectif. Imaginons une série de selfies intitulée « A la recherche des nouveaux clients » qui associerait collaborateurs et consommateurs : ce serait une nouvelle façon de faire du lien entre une marque et sa clientèle, de mettre le client au centre de l’entreprise. Objectif : faire de chaque collaborateur un ambassadeur de la marque. Faire vivre un outil comme la photo d’identité pour en faire un lieu de culture… Tout devient prétexte à formation, à « trans-formation », le tout étant d’avoir un pilotage qui en assure la cohérence pédagogique. 

 

Stéphane Diébold a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, et est aujourd’hui président fondateur de l'AFFEN (Association française pour la Formation en entreprise et les Usages numériques).  

à lire également

Dans la même rubrique

RECHERCHER UNE FORMATION

AEC logo


Recherche guidée thématique

Recherche par thème :