Le principe de Twitter est le microblogging avec ses fameux 140 caractères. Si l’on suit les professionnels de la profession, la twittagogie est une paupérisation pédagogique. A la manière de Nicholas Carr, on pourrait s’interroger, Twitter rend-il idiot ? Twitter étant un média nouveau en formation, la question n’est pas tant de condamner la nouveauté que de proposer des usages possibles. Assurément une technologie est loin d’être neutre, mais ce n’est pas en diabolisant que l’on fait preuve de responsabilité. La machine à vapeur, l’électricité, le téléphone ont été bannis par les technopathes… et pourtant aujourd’hui leurs usages sont courants.

Prenons le problème à l’envers, qu’elle pourrait être l’intérêt de Twitter en pédagogie ? Le monde est en infobésité, il y a trop d’informations pour permettre une transmission classique efficace. Ce qui est intéressant dans la twittagogie c’est le micro et le blogging. 

Le micro…

L’accélération du temps nécessite de créer une pédagogie nouvelle capable de développer une économie de l’attention, une pédagogie qui capte le temps de cerveau disponible pour apprendre plus vite. La pédagogie devient affective, avénementielle et événementielle, une nouvelle grammaire s’écrit en marchant. La galaxie Twitter avec ses 140 caractères est dans le mouvement… L’homme est sorti de sa grotte pour entrer dans d’autres univers, la micro pédagogie est une pédagogie ciblée, impactante, et cohérente, pour de grains en grains, de tweets en tweets faire progresser l’apprenant. Cela nécessite que les sachants deviennent pédagogues, trouver les mots pour capter l’attention,… faire des formateurs des fils de pub… La formation est passée d’une fonction de l’offre à une fonction de la demande, pour remettre l’apprenant au centre de l’écosystème…En clair, le savoir n’est plus suffisant, il s’agit de savoir le communiquer. La twittagogie est un appel à cette réécriture.

Le blogging…

La twittagogie est par essence collaborative. Il s’agit d’inverser la pyramide des savoirs pour être capable non seulement de proposer des contenus adaptés, mais aussi de redonner la main à l’apprenant, dans une politique formative 2.0. La formation organise des points de cristallisation du savoir, anime au sens étymologique du terme des hot-spots de la formation pour finalement assurer une interaction pédagogique. Rien de bien nouveau que de faire des formations participatives, mais la nouveauté est que le contenu est co-écrit et la participation non sacralisées dans un lieu géographique. L’apprenant ne vient plus à la messe de la formation dans les centres de formation, c’est la formation qui vient à lui, homo mobilis, et devient un agent du quotidien… La posture ouvre bien des perspectives personnelles et collectives en vue de repenser un écosystème de la formation plus singulier à chaque entreprise.

L’outil ne fait pas l’usage. Ce qui est intéressant, c’est que l’usage se construit aujourd’hui. La bonne question n’est pas tant de savoir si la twittagogie a du sens que de savoir si les professionnels de la profession seront prêts à se saisir de cet outil pour créer les usages de la nouvelle profession. La twittagogie nous appelle à sortir de la fossilisation des pratiques pour engager un monde plus large, le monde de trans-formation.

Stéphane Diébold a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, et est aujourd’hui président fondateur de l'AFFEN (Association française pour la Formation en entreprise et les Usages numériques). 

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