« Le CPF pourrait se trouver en péril »

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Approuvée dans son principe par la Fédération de la formation professionnelle, la réforme du 1er janvier dernier et la mise en place du Compte personnel de formation se sont heurtées à une mise en place des plus brouillonnes selon Jean Wemaëre, président de la Fédération de la formation professionnelle.

 

 

De l’avis général, la réforme de la formation professionnelle a été longue à se mettre en place tout au long de l’année 2015…

La réforme comportait trois points forts que la Fédération de la formation professionnelle avait approuvés. Tout d’abord la suppression pour les entreprises de l’obligation fiscale de former leurs salariés au profit d’un système permettant une plus grande responsabilisation. Il s’agissait également de remobiliser l’individu, en lui donnant la possibilité de se former quel que soit son statut, demandeur d’emploi ou salarié. Alors que le DIF concernait avant tout ce dernier public.

Troisième élément important, la mise en place d’un entretien obligatoire d’évaluation des compétences ouvrant la voie à un travail fondamental de Gestion prévisionnelle des emplois et compétences au cœur des entreprises.

 

Une mise en œuvre mal anticipée, compliquée, laborieuse…

 

Le problème est que la réforme a été largement ralentie par l’échec de certaines initiatives…

La mise en oeuvre du Compte personnel de formation a été très mal anticipée pour se révéler compliquée, laborieuse et décevante. Avec l’effet d’entrainer un blocage sur toutes les activités de formation.  En cause tout d’abord, un site Web difficile à appréhender et sur lequel il manquait l’interface informatique nécessaire à toute une série de démarches. Autre incohérence, avoir relié le CPF à des formations éligibles privilégiant des logiques diplômantes et exclusivement tournées vers des métiers très spécifiques. Des cursus finalement trop longs pour être justement appréhendés via les 150 heures du CPF et qui plus est peu en rapport avec les problématiques pratiques des entreprises… Résultat, seuls 150 000 dossiers ont été validés en 2015 pour 60 000 DIF par mois en 2014… Et dans ce total, les trois-quarts environ ont concerné des demandeurs d’emploi.

Autre écueil, avoir sorti du CPF des parcours très demandés au temps du DIF comme les langues pour lesquelles nous nous sommes pourtant battus et certaines formations transversales et comportementales que nous parvenons à faire reconnaître petit à petit et très difficilement.

Je pèse mes mots en affirmant que toutes ces difficultés mises bout à bout auraient pu mettre en péril l’existence même du compte personnel de formation…

 

Autre difficulté, la mise en place tardive des entretiens d’évaluation…

Tout à fait, alors qu’il s’agit de l’un des axes les plus importants de la réforme. Aujourd’hui, les services en ressources humaines et en formation ont besoin de plus de repères. L’information n’est clairement pas bien passée auprès des différents acteurs. Il faut clarifier, simplifier… Beaucoup reste à faire.

 

« A persister dans cette voie, le CPF ne serait qu’un CIF bis… »

 

Comment améliorer la situation ?

Nous appelons les partenaires sociaux à davantage ouvrir le dispositif CPF pour créer un engouement plus important en sa faveur. Aujourd'hui, seuls deux millions de comptes ont été ouverts pour plus de 20 millions de salariés. Le total est faible… D’autant que de nombreux Comptes ont été ouverts  pour des demandeurs d’emploi. A persister dans cette voie, le Compte personnel de formation ne serait qu’un CIF bis et ne tiendrait pas la promesse d’être un outil qui accompagne tout actif pour se former de façon régulière tout au long de la vie.

Les difficultés du CPF ne doivent pas nous écarter de l’essentiel. Il est important que les entreprises se saisissent du champ de liberté offert par loi et investissent dans la formation de  leurs salariés pour assurer leur compétitivité. Les organismes de formation ont déjà vu leur chiffre d'affaires chuter ces derniers mois. Il est dangereux de jouer avec un secteur qui a un rôle majeur dans notre économie et qui emploie lui-même 150 000 salariés.

 

Propos recueillis par Antoine Teillet

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