« Small data » par Stéphane Diebold

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Après avoir abordé le big data comme nouveau modèle économique pour la formation professionnelle en entreprise, tout change à nouveau avec le small data qui revient sur le devant de la scène. La formation va-t-elle être impactée par ce battle : big data vs small data ?

Le big data est un mouvement qui désigne la capacité du numérique à générer des données qu’il devient très difficile à travailler avec les outils classiques, nécessitant des outils de datamining pour rendre la donnée intelligente… A terme l’analyse des données pourrait devenir la clé des outils big data de la formation. Le nouveau modèle économique pourrait être celui du Facebook de la formation, toutes les formations seraient offertes gratuitement, et comme avec Facebook, c’est l’analyse des comportements qui fait le modèle économique avec un dicton qui pourrait être : si la formation est gratuite, c’est que le produit est l’apprenant. Un deal qui n’est pas sans intérêt… pour une politique de la formation professionnelle pour tous. De plus le big data n’est pas incompatible avec la personnalisation, bien au contraire.

 

Tom Davenport soutient, depuis 2012, que le small data aurait la même efficacité que le big Data, c’est un pavé dans la mare des organismes de data actuels… Quels seraient les avantages du Small data ?

 

Le premier est le coût, ce qui est petit est moins cher, nécessitant moins de configuration. Mais le prix n’est qu’à mettre en parallèle à la valeur de la fonction rendue. Le small data favorise le quantify self, c’est-à-dire cette tendance de permettre aux apprenants à s’autoévaluer sans en référer à personne d’autre qu’eux-mêmes. Et ça marche, on pourrait reprendre l’exemple de Mother qui permet pour 290 € d’avoir 4 cookies collecteurs d’informations, cela pourrait se traduire par le fait de savoir combien de fois on ouvre le livre, combien de temps on lit, le nombre de pages, d’exercices… cela permet un étalonnement par rapport à soi-même ou par rapport à une communauté sociale qu’on aurait défini préalablement. La small data permettrait une émulation ou une auto émulation. Avec la montée en puissance des outils d’autonomisation des formations professionnelles, il n’est pas absurde d’envisager une autonomisation des outils d’évaluation de la formation.

 

Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’informations pour agir

 

Le small data peut présenter un avantage opérationnel qui devrait intéresser les entreprises. Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’informations pour agir, d’ailleurs les études ont montré que trop de choix tuait le choix, trop d’informations tuent l’action. La Small data permet de déterminer des indicateurs qui font sens à l’acteur pour agir avec suffisamment d’information pour agir dans de bonnes conditions. La décentralisation des données est un problème social comme l’avait montré Benjamin Coriat dans « L’atelier et le robot », montrant qu’il s’agit d’abord d’un problème de contrôle social de l’action des agissants. Il s’agit d’interroger nos définitions de la formation, s’agit-il d’une forme sociale imposée par les experts ou s’agit-il d’une forme sociale de pairs à pairs, la foule intelligente. Où doit-on mettre le curseur ? Cela dépend des entreprises et de la culture d’autonomie qui a été construire dans l’histoire de chacune. Comme quoi, là encore, rien n’est simple, small ou big rien n’est donné, tout est à faire.

 

Stéphane Diébold, Président de l’AFFEN

 

Stéphane Diébold a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, et est aujourd’hui président fondateur de l'AFFEN (Association française pour la Formation en entreprise et les Usages numériques).  

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