L’addiction est une addiction comportementale, une addiction sans substance, le cocaïnomane sans la cocaïne… Mais les avis sont partagés, le psychologue Michael Stora valide l’existence d’une telle addiction alors que Yann Leroux ne le valide pas… Autant dire que chacun trouve ce qu’il cherche… Guerres des études, guerres des psychologues,… Et on estime de 1 à 3 % la population qui pourrait être concernée… Il y a ceux qui discutent du thermomètre et ceux qui soignent le malade…Les guerres de thermomètres sont souvent liées à une incapacité à proposer quelque chose…

Nous sommes addicts à bien des choses

L’addiction est souvent une stigmatisation sociale, heureusement que l’on est addict à bien des choses, nous sommes par exemple addicts à l’électricité, à l’automobile et cela ne semble pas poser de problème. Hormis les décroissants, personne ne semble remettre en cause l’addiction électrique qui nous prend dès le matin et qui nous quitte en plein milieu de la nuit lorsqu’on éteint son dernier rail de lumière… La stigmatisation est le reflet d’un prise de position sociale… La peur des nouveaux usages… Le présentiel contre le numérique… La stigmatisation de la dépendance individuelle pour critiquer la déconnexion au réel.

L’addiction sociale est une crainte plus qu’une réalité, à 1 % de la population cela n’en fait pas une norme… On peut faire confiance à l’apprentissage pour maîtriser ces nouveaux usages… Dès aujourd’hui, on voit des périodes de shabbat numérique, où les addicts prennent le temps, ils ont déjà leur courant avec le Slow life, mouvement de résistance, apprendre à apprendre… L’histoire nous fournit bien des apprentissages d’usages, rappelons-nous le XIXe siècle et l’apprentissage des comportements d’hygiène. Il s’agit d’un nouveau militantisme qui cherche ses marques.

Faire en sorte que l'apprenant devienne un drogué de l'adaptation sociale

Et la formation ? L’addiction est souvent prise sous l’angle du gaming, l’addiction aux jeux qui captent l’attention et n’apportent rien… Les lapins crétins nous rendent accrocs… Qu’est-ce qui manque à la formation pour générer cette même dépendance ? De nouveaux médias attirent notre attention aux point d’y passer du temps, mais on peut faire confiance à nos aptitudes, une fois compris le jeu, l’homme est suffisamment sérieux pour réduire l’intensité de l’implication, il y a des moments de vie plus ou moins impliquants… L’addiction est une pédagogie, capter l’attention et garder cette attention durablement, faciliter l’apprentissage sans passer par la conscience, se former à l’insu de son plein gré, c’est peut-être là que le bât blesse dans l’iconographie du monde de la formation. Mais c’est aussi une opportunité dans un monde d’infobésité, que de savoir capter le temps de cerveau disponible sur les compétences stratégiques de l’entreprise, faire en sorte que l’apprenant devienne un drogué de l’adaptation sociale. L’addiction formative est un outil pédagogique efficace pour ceux qui s’aventurent sur les territoires nouveaux de la formation… Stress, émotion, affect… On risque d’y prendre gout…Au point d’y être addict…

Stéphane Diébold a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, et est aujourd’hui président fondateur de l'AFFEN (Association française pour la Formation en entreprise et les Usages numériques).  

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