Apprentissages informels : à portée de la formation. Par Michel Diaz

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Les apprentissages informels : un domaine aujourd’hui à portée des départements formation… L’approche existe, prudente, progressive, fondée sur l’expertise initiale de la fonction formation ; les outils arrivent, notamment les plateformes xAPI qui reconnaissent les activités d’apprentissage expérientiel et social.

Le modèle 70.20.10 dit en substance qu’un salarié développe 70% de ses compétences "en faisant" (apprentissages expérientiels, "learning by doing") ; 20% à travers ses échanges avec son manager ou ses pairs dans et hors l’entreprise (apprentissages sociaux,"social learning"). La formation structurée (sous la forme d’un stage traditionnel ou d’un parcours e-learning ou de formation mixte) est réduite à la portion congrue : elle ne contribuerait qu’à hauteur de 10% aux compétences acquises ! De quoi rendre dubitatif, sinon inquiet, tout professionnel de formation consacrant l’essentiel de ses efforts pour une contribution aussi marginale… Inquiet parce qu’il entend déjà les financiers de l’entreprise lui mégoter des moyens qui seraient mieux utilisés ailleurs. Dubitatif parce qu’au-delà d’un simple réflexe corporatiste, il continue de penser que le cours présentiel reste indispensable.

 

Viser l’excellence du cours en salle

Il y a au moins trois lignes de défense devant cette menace. D’abord la formation doit viser l’excellence dans son domaine régalien (les 10%). L’offre de cours en salle peut sans cesse, et dans une large mesure, être améliorée dès lors qu’on décide d’y investir (ce dont plusieurs grands organismes de formation ont pris conscience) ; amélioration des contenus, du design de salles renouvelées mobilisant des usages digitaux, de l’animation, de la relation apprenants, etc.

 

Premiers pilotes d’apprentissages informels

Deuxième ligne de défense : l’intervention de la formation dans le champ des apprentissages expérientiels et sociaux. Il s’agira par exemple d’anticiper sur le support pédagogique dont le salarié aura besoin, au jour le jour, pour mettre en application les savoirs acquis grâce au 10%… Simple à imaginer dans le cas des formations bureautiques ou linguistiques, plus délicat dans le cas des formations métiers. Anticiper : identifier ces besoins, en informer l’apprenant et le manager, explorer les solutions possibles qui relèvent d’un support expérientiel (aide en ligne sur un logiciel, curation de ressources externes, etc.) ou d’un support social (initiation d’une communauté d’apprentissage dévolue aux trucs et astuces, mise en place d’un service de tutorat ou de chat, etc.)

 

De la cohérence des divers types d’apprentissage

Troisième ligne de défense - la plus puissante car intégrant les deux précédentes : la mise en cohérence des interventions et activités de la formation dans les trois champs du modèle 70.20.10. Dès lors que la formation serait impeccable dans ce que personne ne peut lui disputer (ses 10%), qu’elle aurait commencé d’investir dans les apprentissages expérientiels et sociaux (les solutions que nous relevions à titre indicatif), et qu’elle s’assurerait d’une continuité entre ces trois champs de l’apprentissage, elle justifierait pleinement les espoirs que les métiers et les apprenants ont raison de placer en elle. Cette mise en cohérence ne passe pas par une intervention désordonnée de la formation dans tout ce qui pourrait toucher aux apprentissages informels ; elle part au contraire du projet de formation identifié, celui qui fait l’objet d’une commande, pour englober dans sa proposition de service le dispositif d’apprentissage informel correspondant à cette formation spécifique. Une proposition de service dont le premier but est finalement de renforcer le transfert des acquis en situation de travail.

 

Si l’on y ajoute que les plateformes LMS normées xAPI permettront aux apprenants de déclarer leurs activités d’apprentissage informel, rendues ainsi visibles au département formation, la timidité n’est plus de saison : le département formation s’ouvre le terrain de jeu du 70.20.10 !

Michel Diaz

 

A propos de lauteur :

Michel Diaz est Directeur associé de Féfaur premier cabinet d'études et de conseil e-learning indépendant sur le marché français et l'un des leaders européens, au sein duquel il conseille et accompagne les grandes entreprises et organisations dans leur stratégie et gouvernance e-learning et formation mixte. Conférencier recherché, il intervient et publie régulièrement en France et à l'étranger. Il est par ailleurs Directeur de la rédaction du site e-learning Letter.

Actualité : Féfaur délivrera son Séminaire LMS annuel le 23 juin 2015 à Paris. Une centaine de décideurs formation-RH sont attendus sur la thématique « Un jour pour réussir votre stratégie LMS »

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