Faut-il se moquer des MOOC ? Par Stéphane Diebold

Share |

Les Massive Open Online Courses (MOOC) ont fait leur apparition, particulièrement avec le leader dans ce domaine : l’Université de Stanford, qui utilise le MOOC comme outil de sa stratégie mondiale. La formation va-t-elle devenir gratuite et certifiante ? Et comment concevoir ce nouveau modèle économique ? Le MOOC ne touche pour l’instant que la formation initiale. Mais il serait étroit d’imaginer que cela ne va pas toucher les entreprises. Alors que faire des MOOC ? Faut-il s’en moquer ?

L’université de Stanford avec le nombre de Prix Nobel qu’elle a déjà reste à la pointe de l’innovation. « Messieurs les Américains tirez les premiers ! » Il peut sembler aberrant pour une école d’une telle notoriété d’offrir gratuitement tout son contenu. Comment ne pas payer ce qui a de la valeur ? Et quel bénéfice Stanford espère-t-il tirer de cette gratuité ? Le MOOC est un coup de pub exceptionnel. Stanford devient la référence pour des personnes qui n’auraient jamais espérer quitter leur pays, Stanford devient accessible, l’université augmente sa zone de chalandise. Finalement, aujourd’hui, cela devient une méga classe préparatoire ; recrutement mondialisé des talents de la planète. Assurément, l’université de Stanford a réussie, ou est en passe de réussir, un écosystème apprenant de référence. L’open university commence à prendre corps en diffusant ses polycopiés, en se centrant sur la valeur ajoutée de l’institution ; être capable d’identifier dans la chaine de valeur le petit plus qui fait la différence.

 

Et les entreprises, que vont-elles faire de ces MOOC ?

 

Les entreprises vont se retrouver confrontées à ces cursus par le fait que chaque individu, librement et individuellement, peut s’inscrit sur des parcours certifiants et construire ainsi, à son rythme, un projet professionnel adapté à ses envies. Et cela change beaucoup en termes de crédit et de finance. Quel crédit pourrait avoir un petit professionnel qui enseigne la stratégie internationale dans le centre de la France, alors que l’on peut avoir des certificats de l’université de Stanford ? C’est un problème de réputation, mais aussi d’optimisation économique. Quel intérêt aurait une entreprise à payer des journées de formation, là où l’on peut les avoir gratuitement, pour au moins la même qualité ? La formation, comme l’information, devient gratuite, et ce n’est qu’un début…

Et si les individus s’autonomisent, que reste-il aux entreprises, qui n’ont plus le pouvoir du levier financier ? Et bien la gratuité ne fait pas tout. Et c’est là le rôle de l’entreprise : cristalliser les envies autour de la formation ; l’entreprise a vocation à donner l’envie d’avoir envie. Il s’agit de mobiliser les apprenants, un travail d’érotisation de la formation qui devient la valeur ajoutée pour chaque entreprise. Si chacun peut, ce n’est pas pour ça qu’il fera, et pareillement, si chacun veut, ce n’est pas pour ça qu’il fera. La formation est entrée dans l’âge du faire, comme disait Philippe Muray. Il s’agit d’accompagner le passage à l’acte et, dans un monde de potentiel infini, de construire un monde de réalisations finies, transformer un virtuel en réalité, une nouvelle culture de la performance. Voilà ce que les MOOC pourrait apprendre aux entreprises… Et cela, gratuitement.

A propos de l’auteur :

Stéphane Diébold
a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA (www.temna.fr) dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, aujourd’hui Vice-président du GARF (Groupement des acteurs et responsables formation) et de l’ETDF (European traning and development federation – Fédération européenne pour la formation et le développement).

à lire également

Dans la même rubrique

RECHERCHER UNE FORMATION

AEC logo


Recherche guidée thématique

Recherche par thème :