Budgets formation sous pression : c’est une des conséquences attendues de l’abandon du 0,9% acté dans la réforme de la formation professionnelle, renforçant un “effet crise” qui se fait sentir depuis plusieurs années : la remise en cause des budgets formation est plus que jamais à l’ordre du jour. Comme toujours dans pareil cas, deux possibilités s’offrent aux responsables formation-RH.

Optimiser les coûts de la formation

La première, c’est de réduire les coûts. Mission délicate, alors qu’on demande toujours plus à la formation : s’assurer que tous les salariés soient formés, dans les PME comme dans les grandes organisations, multiplier les actions de formation afin que les compétences soient étroitement alignées sur les besoins des métiers en quasi temps réel, servir les nouvelles attentes des salariés notamment en matière d’apprentissages digitaux… Ce qui tombe plutôt bien, car le Digital Learning est un puissant levier d’optimisation des budgets dans un contexte de redéploiement des formations ("optimisation" : la désignation socialement acceptable, dans l’entreprise, pour réduction des coûts) . Avec cet obstacle toutefois : il faut commencer par investir significativement pour obtenir ce résultat… Pas toujours facile à argumenter avec la direction de l’entreprise. Du coup, mieux vaut faire flèche de tout bois, et proposer en complément de rationaliser les achats de formation, autre levier de réduction des coûts qui a fait ses preuves.

Ce double programme - digitalisation et rationalisation des achats de la formation - a de beaux jours devant lui, en particulier dans les grandes entreprises. Des programmes dont on ne peut douter qu'ils permettront aux départements formation d’améliorer considérablement leurs modes de gestion et leurs relations avec le business.

Générer des revenus

Et puisqu’il est question de se rapprocher des métiers, rien n’empêche la formation de s’imaginer comme un “business”. Par exemple en facturant ses prestations aux partenaires de l’entreprise - sous-traitants, fournisseurs, distributeurs voire clients… ! Une démarche loin d’être utopique : 32% des entreprises forment parfois ou souvent des personnes extérieures à l’entreprise (principalement les sous-traitants (38%) et les clients (36%)). Parmi elles, 59% facturent ces prestations (étude Féfaur automne 2013). Surtout 88% d’entre elles prévoient d’intensifier modérément ou fortement la formation étendue dans les prochaines années ! Une sortie par le haut, donc : générer des revenus pour couvrir les charges de la formation. Dans certains cas (les plus avancés), le département formation pourra devenir un centre de profit (revenus moins charges restant positif). Dans d’autres cas où il serait inopportun de facturer ces prestations, le département formation n’en sortirait pas moins grandi : à défaut de générer des revenus directs, il peut toujours aider les métiers à mieux former les partenaires de l’entreprise… et négocier les indicateurs qui permettront d'objectiver quelle valeur a effectivement créée a formation - des revenus indirects dont on peut être certain qu'il finira pas trouver son propre revenant-bon.

Sortir à la fois par le haut et par le bas ?

Une mission qui semble impossible… Mais pas pour la formation surtout si elle a accompli sa transformation digitale ! Il est aujourd’hui possible, souhaitable que la formation mène de front ce programme : réduire ses coûts et générer des revenus directs ou indirects. L’entreprise l’attend sur ce terrain ; le département formation y joue sa durable légitimité.

A propos de l’auteur

Michel Diaz est Directeur associé de Féfaur, premier cabinet d'études et de conseil e-learning indépendant sur le marché français et l'un des leaders européens, au sein duquel il conseille et accompagne les grandes entreprises et organisations dans leur stratégie et gouvernance e-learning et formation mixte. Conférencier recherché, il intervient et publie régulièrement en France et à l'étranger. Il est par ailleurs Directeur de la rédaction du site e-learning Letter.

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