Formations en langues : la course à l’innovation

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Des formations accessibles sur ordinateur, tablettes ou mobile via des applications… Les organismes de formation en langues ont été parmi les premiers à intégrer les nouvelles technologies dans la construction de leurs modules pédagogique. Ce choix est-il toujours rentable ? Au-delà de l’aspect ludique, quelle valeur ajoutée en termes d’apprentissage ?

La formation en langues se trouve depuis quelques années au coeur d'une période charnière, où cohabitent formations traditionnelles en présentiel et formations intégrant des solutions multimodales. Du côté des organismes de formation, notamment de certains « pure players », une course à l’innovation est lancée. Ainsi, l'application créée par EF Englishtown pour tablettes permet de bénéficier d’enseignements en anglais 24h/24, 7j7. GoFluent a pour sa part développé un portail d’apprentissage de l’anglais en e-learning, qui complète l’offre de formation téléphonique initialement développée par l’entreprise : à ce jour, plus de 30 000 personnes ont ainsi été formée par voie téléphonique. « L’apprentissage téléphonique permet une concentration optimale du stagiaire – c’est pourquoi nos formateurs utilisent peu leur webcam – et nous sommes parvenus à calculer qu’en termes d’attention, une demi-heure de formation par téléphone était équivalente à une heure de cours en présentiel » promet-on chez GoFluent.

 

Un enseignement sans frontières

 

Utilisées à bon escient, les nouvelles technologies offrent un champ d’utilisation infini aux apprenants, mais aussi aux formateurs en langues dont elles ont radicalement changé le métier : de formateurs, ils sont devenus accompagnateurs à distance, mais aussi pour certains animateurs d’une communauté d’apprenants sur internet. Un travail chronophage où l’on ne compte pas toujours ses heures… de sommeil. En effet, certains formateurs en langues se recrutent aux antipodes. Du côté des entreprises, l’intérêt d’une formation à distance est la souplesse d’organisation qu’elle offre au salarié, mais aussi son coût : « Les nouvelles technologies permettent aux entreprises de réaliser de substantielles économies » observe Axel Delmotte, professeur dans l’enseignement supérieur et auteur du guide « Se remettre à l’anglais » paru chez Studyrama. Cependant, il met en garde contre une mauvaise utilisation des nouvelles technologies potentiellement « ruineuse » et susceptible de « constituer une sorte de tonneau sans fond qu’on s’épuise à remplir avec de l’eau sans cesse renouvelée ».

 

Le cousu-main conserve ses adeptes

 

L’autre écueil est la formation non adaptée au profil et au niveau du stagiaire : « Le principe du libre-service formation convient bien aux débutants, mais il reste souvent limité en termes d’efficacité pour ceux qui ont une demande plus ciblée ». ajoute le formateur. Un constat partagé par Franck Habechian, responsable des formations chez Forma Premier, organisme qui ne propose que de l’intra-entreprise en présentiel et dont le chiffre d’affaires sur ce segment est stable depuis des années : « Nos clients souhaitent avoir la garantie que le salarié qu’ils envoient en formation chez nous atteignent le niveau fixé dans le laps de temps imparti, avec la possibilité d’ajuster le parcours, de rajouter des séances au besoin ».

 

Christina Gierse

 

Réforme de la formation : les formations en langues menacées ?

 

La réforme en cours, qui privilégie la prise en charge de programmes certifiants ou diplômants, va-t-elle impacter négativement les formations transversales ? Celles-ci devront-elles faire l’objet d’un autofinancement de la part du salarié ? Certains experts comme Marc Dennery* le redoutent : « Les entreprises qui vont être à la fois davantage taxées (mutualisation accrue) et plus libres pour réaliser des actions de formation (…) vont certainement choisir de réduire leur budget de formation dit de « maintenance » ou de « confort ». Finies les formations de développement, de langues ou bureautique non indispensables. Tout cela va être renvoyé à la responsabilité du salarié ». D’autres, comme Franck Habechian, responsable formation chez Forma Premier, sont plus nuancés : « Les entreprises n’ont pas forcément besoin de diplômant. Pour les formations sur-mesure, il restera toujours une demande ».

* co-fondateur et directeur associé de C-CAMPUS (tribune publiée dans le cadre des Ateliers de l’emploi de Manpower Group).

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