L’illettrisme numérique. Par Stéphane Diébold

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L’illettrisme numérique fait partie des sept grandes connaissances et compétences de base définies par le socle commun de la loi de 2005 réactualisé en 2013… Les entreprises se retrouvent-t-elles devant une nouvelle grande cause nationale ? Comment lutter contre l’illettrisme numérique ?

 

On retrouve beaucoup de similitudes entre l’illettrisme classique et l’illettrisme numérique. Tout d’abord l’illettrisme classique est un problème de vieux… les classes d’âge les plus anciennes sont beaucoup plus touchées que les jeunes par l’illettrisme… d’où la question transgressive, l’illettrisme est-il un problème de vieux ? C’est oublier un peu vite qu’au sortir de l’école 50 % des illettrés savaient lire, il est fort à parier que 50 % des usagers du numérique ne sauraient plus utiliser le numérique après un certain laps de temps sans pratique. L’illettrisme numérique est d’abord un problème d’usage… Essayer le numérique, c’est l’adopter. L’âge du faire.

 

L’illettrisme peut être lié à la facture numérique… la facture numérique comme fracture numérique. Le budget moyen numérique, en 2014, est de 2370 €. Lorsqu’on rapproche ce chiffre du salaire médian en France –1653 €– la facture devient fracture sociale. Et la baisse du coût des supports ne compense pas l’augmentation croissante du budget numérique moyen... Et pourtant, le numérique s’impose : 72 % des ménages sont équipés d’ordinateurs personnels, 61 % de smartphones. 24 % cependant n’ont toujours pas accès à Internet … S’agirait-il de leur offrir un ordinateur ou un smartphone pour lutter contre la discrimination numérique ? Offrirait-on un livre à un illettré pour qu’il lise ? Le problème est ailleurs.

 

Comment apprend-on Facebook ? Qui a suivi un cours pour utiliser Twitter ou Facebook ? Personne,  chacun a appris de pairs à pairs, en demandant à un proche ou en utilisant un « tuto ». Il suffit d’avoir une personne qui nous montre pour être capacité de faire. La meilleure façon d’apprendre est de faire ensemble.

 

Un besoin d’accompagnement et de conseil

 

Il existe toutefois des réfractaires 22 % seraient technophobes… 79 % le sont parce qu’ils se considèrent comme novice, l’ignorance fait le rejet de ce que l’on ne connaît pas. Mais si l’on creuse les statistiques, on s’aperçoit que 69 % seraient prêts à acheter du numérique si quelqu’un les accompagnait et leur apportait du conseil. Autrement dit les 22 % de technophobes sont prêts à devenir technophiles pour peu qu’on les accompagne, sous réserve de 1%, les militants du non numérique. Alors, que faire pour accompagner ?

 

Encore une fois qui a suivi une formation Facebook ? Et pourquoi les gens vont-ils sur ce réseau social ? Tout simplement parce qu’il s’y passe quelque chose. L’intérêt du contenu fait que les apprenants sont prêts à faire un effort, même s’ils sont a priori réservés sur le numérique. S’il est une formation à faire en matière de numérique en entreprise, c’est de former les responsables de formation à créer des contenus attractifs pour que les apprenants aient envie de  venir voir. Mieux, pour lutter contre l’illettrisme, il est nécessaire de marketer les contenus, susciter le désir, érotiser les contenus pour favoriser le passage à l’acte en apprenant ensemble.

 

La lutte contre l’illettrisme numérique ne passe pas par la stigmatisation des non-sachants mais la définition d’une ligne éditoriale appétissante. Il s’agit bien d’un projet de société pour cesser d’être ennuyeux, la formation devient séductrice pour capter l’attention, le temps de cerveau disponible de l’apprenant… une véritable écriture nouvelle émerge, mais qui n’a rien de spécifiquement lié à l’illettrisme numérique, et qui donne du sens aux entreprises qui choisissent le projet de la transformation.

 

Stéphane Diébold a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, et est aujourd’hui président fondateur de l'AFFEN (Association française pour la Formation en entreprise et les Usages numériques). 

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