La formation doit-elle être sympa ? Par Stéphane Diebold

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La formation est ludique, la formation est sympa, la formation est fun. Ceci semble d’une telle évidence dans le monde de l’homo festivus, que la question inverse ne semble pas possible. Peut-on imaginer une formation non sympa ? Tout le monde doit être sympa, c’est une loi de la nouvelle société. Mais comment ne pas céder à cette injonction sans être cynique ? Alors sympa ou non sympa ?

La question peut paraître iconoclaste, mais d’ores et déjà, les spécialistes ont identifié les symptômes. Il s’agit du syndrome de l’hôtesse de l’air. Être forcé de sourire tout le temps, en toutes circonstances, pour être le bonheur incarné. Même si le sourire est forcé.

 

La première remarque porte sur le formateur. Le formateur est-il une hôtesse de l’air ? Cette hypocrisie sociale est parfois une réalité, quand les formateurs sont forcés de porter un message auquel ils ne croient pas. Dévoyer la formation pour en faire un outil d’embrigadement, c’est se priver de la formation comme outil de trans-formation.


Trans-formation des entreprises

La transformation repose sur la confiance, et comme les choses sont bien faites, le sourire est un des micro-signaux qui construisent la confiance. Le formateur se doit de sourire pour donner crédit à son message. Le sourire, même commercial, concourt au spectacle de la formation pour éviter de créer un frein supplémentaire au rôle de transformation des entreprises. Sourire, sourire, il en restera toujours quelque chose. La formation doit-elle être visiblement sympa ?

 

Dans un monde en recherche de sens, la formation retrouve toute sa légitimité. Il ne s’agit pas tant de faire le show que d’être vrai, se confronter, de faire front aux problèmes et aux réalités quotidiennes de l’entreprise et d’éviter ainsi les poncifs stériles du style : « Il faut, on doit… », faire face à une réalité qui est mal codifiée par les contenus pédagogiques. Le sourire n’est pas tant le reflet d’une réalité plus ou moins maquillée. Il est surtout un moment de bienveillance. Non pas tant dans une posture positive comme le ravi de la crèche, qui se ravit de tout, que de poser un regard positif sur les problèmes que les apprenants rencontrent. Le sourire devient un outil d’animation efficace.


Ouvrir des solutions

Sourire pour susciter la confiance qui permet de poser les situations difficiles et ensemble trouver les solutions pédagogiques les mieux adaptées. La vraie difficulté est de ne pas faire semblant, d’aborder les situations vraies, prendre le risque, le courage de l’inconnu pour le formateur et co-produire les solutions ad hoc ; sortir des problèmes pour ouvrir des solutions. La formation est un régulateur organisationnel qui permet d’orienter les situations dans une direction stratégique nouvelle. La formation de par sa réalité motive, anime, au sens étymologique, allume un feu, mais aussi donne un sens et permet de construire une direction, une éthique pour l’entreprise. Dans un monde à la recherche de sens et de modes opératoires, la formation est une solution bien adaptée. Comme quoi le sourire en formation, lorsqu’il n’est pas artificiel peut prêter à bien des choses, mais pas à sourire.

A propos de l’auteur :

Stéphane Diébold
a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA (www.temna.fr) dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, aujourd’hui Vice-président du GARF (Groupement des acteurs et responsables formation) et de l’ETDF (European traning and development federation – Fédération européenne pour la formation et le développement).

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