La formation du partage. Par Stéphane Diebold

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La formation du partage, sera-t-elle la nouvelle forme de la formation ? Ce pléonasme est-il un simple phénomène rhétorique ou une réalité émergente ? De quoi s’agit-il exactement ?

La formation du partage a longtemps été cantonnée à des plates-formes de troc des savoirs. On dénombre plus de 450 réseaux en France qui regrouperaient plus de 50 000 contributeurs. En entreprise, Castorama fait cohérence avec ses 2 500 inscrits sur sa plate-forme (http://www.lestrocheures.fr ). La formation du partage a pris un nouvel essor avec l’université 2.0, tout particulièrement avec la plate-forme de FUN qui propose une alternative à Coursera : offrir des formations gratuites et ouvertes pour tous. En France, la formation du partage a un terreau favorable avec notre histoire. Cf Condorcet, les universités populaires, la formation gratuite pour tous.

 

La formation est par essence dans le partage… sa raison d’être est dans la transmission. Un néologisme qui résonne porte en germe une conception nouvelle. Qu’est-ce qui fait le partage ?

 

Assurément la première composante de la formation du partage est la distribution, tout particulièrement avec le 2.0. La médiologie de la formation ouvre de nouvelles perspectives. Par exemple, les MOOC 1.0 laissent place aux MOOC 2.0, où l’émulation est aussi importante que la ressource posée au départ, le pair à pair. La problématique majeure de la distribution est alors de savoir quelle sera la plate-forme qui s’imposera. Quel sera l’hypermarché de la formation de demain ? Et quel sera le marché spécialisé avec des communautés pointues sur le modèle de la longue traine ? Les modèles émergent, reste à savoir qui prendra le lead. Qui sera le Facebook de la formation pour offrir gratuitement un service pour tous ?

Un besoin de réactualisation en phase avec l'open source

La formation du partage va plus loin, car elle remet en cause la production même des savoirs. Le taux d’obsolescence croissant des savoirs nécessite une réactualisation permanente qui trouve un modèle avec l’open source. Aujourd’hui, on demande aux amateurs leur expertise, et déjà les apprenants eux-mêmes coproduisent leur formation. Les experts sachant deviennent alors des experts animants. Ce modèle assure une agilité forte des savoirs. Mais cela touche aussi les usages de la formation, Jeremy Rifkin parlait d’économie de l’accès, d’autres parlent de générations nouvelles… Apprendre au 21ème siècle, c’est apprendre différemment. Contrairement à ce qui est souvent annoncé, la formation du partage n’assure pas une disparition des corps intermédiaires mais une réinvention des passeurs de savoir. Il s’agit de savoir donner vie à des savoirs disponibles par ailleurs. Constituer des communautés apprenantes plus ou moins ouvertes pour que la classe virtuelle prenne toute sa réalité sociale.

 

L’idéologie de la formation du partage c’est d’abord le partage, prendre part à un commun, l’apprendre ensemble crée du territoire, du vivre ensemble. Sortir de la fossilisation de la formation d’un autre temps pour chercher ensemble un projet militant qui regroupe. Autrement dit, dans un monde qui cherche son devenir, la formation pourrait méditer la citation de Peter Drucker : « Le meilleur moyen de prévoir le futur, c’est de le créer »…

 

A propos de l'auteur

Stéphane Diébold a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, et est aujourd’hui président fondateur de l'AFFEN (Association française pour la Formation en entreprise et les Usages numériques). 

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