Formation : sauvons les contenus. Par Stéphane Diebold

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Quand on parle de contenu, traditionnellement, on entend communication ou marketing. La problématique du contenu serait alors : comment marketer la formation, comment trouver un moyen pour capter l'attention et transmettre le savoir ? Sauver des contenus revient-il à savoir communiquer ce que l’on a à dire ? Le savoir ne trouverait-il pas sa valeur dans le faire-savoir ? Les contenus sont-ils le vrai problème ou un simple dommage collatéral ?

McLuhan l’a dit, le message est le médium. Avoir quelque chose à dire nécessite forcement de s’interroger sur sa transmission, tout particulièrement dans une économie de l’attention. Être capable de capter l'attention pour écouler un savoir devient une clé de la fonction pédagogique. Trouver les formats qui soient transgressifs, percutants, de façon à être entendu dans un monde en saturation d’information. La formation se doit d’être en société et de s’inspirer des modèles qui l’entourent : construire une formation fun sur le modèle de la pub deviendra-t-il le cœur de la formation de demain ? Une formation qui saura se faire entendre. Avoir quelque chose à dire nécessite aujourd’hui de réfléchir sur le faire-savoir. Choisir par exemple le bon média pour être entendu et/ou écouté

Tribalisme cognitif

McLuhan avait pour habitude d’ajouter : « Si le médium est le message, l’usager est le contenu. » Rappelons que cette citation date de 1962… Comme quoi, sauver les contenus revient à dire sauver les hommes, les usagers. Ces phrases souvent énigmatiques permettent moult appréciations. Mais il semblerait que McLuhan prône un retour au tribalisme cognitif. C’est ensemble que l’on apprend et on apprend de l’ensemble. Les contenus sont en mutation et nécessite des ajustements incessants pour ne pas être obsolètes trop rapidement. Faire du contenu consiste à mettre en place des programmes de partage d’échange et d’appropriation pour vivre le contenu.

Interroger les usages

Sauver les contenus n’est pas seulement une nième réflexion sur les matières de la formation, mais c’est plus une nouvelle interaction entre l’homme et le savoir. Et cette interaction touche tout à la fois le contenu et le contenant. La stratégie de formation nécessite des créatifs qui réinterrogent les usages au sein d’une prospective. Quelle formation l’entreprise veut-elle pour les 5, 10 et 20 prochaines années ? Dans un monde en faible visibilité, il ne s’agit pas tant d’anticiper d’éventuelles interactions nouvelles, que de développer un nouveau militantisme pour assurer la performance collective de l’entreprise. Sauvez les contenus n’est pas une simple interrogation sur les domaines qui ont de la valeur pour l’entreprise, mais c’est une interrogation sur l’ensemble de la fonction de formation et de son pilotage. Et le marketing est un outil qui n’est pas dans la tradition culturelle de la formation, mais qui permet d’avoir un regard croisé qui enrichi la problématique. Le rejeter serait une erreur, tout comme y voir la solution à tous les problèmes. L’ère messianique n’est pas durable et, surtout, elle nuit à la réflexion sur les fondements des choses. Le marketing, le design, la sociologie… autant d’angles qui assurent la nécessité de faire des choix. Et cela, c’est de la responsabilité des responsables de formation. Sauvez les contenus pour sauver la formation.

A propos de l’auteur :

Stéphane Diébold
a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA (www.temna.fr) dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, aujourd’hui Vice-président du GARF (Groupement des acteurs et responsables formation) et de l’ETDF (European traning and development federation – Fédération européenne pour la formation et le développement).

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