Tous les magasines nous en parlent. La réalité augmentée est entrée dans notre quotidien. Tout particulièrement avec ses applications sur les mobiles. Ainsi, suivant l’application, il suffit de poster son portable face à un haut-parleur pour qu’il nous indique le titre de la chanson, le nom de l’interprète et, si cela nous intéresse, la possibilité de le commander en ligne. Plus besoin d’avoir une oreille pour mémoriser les chansons, l’application le fait pour vous.
- Aujourd’hui, l’I-Phone 3GS nous propose un outil similaire de géolocalisation augmentée. Grâce à la technique du GPS, il suffit d’orienter son mobile vers son environnement, comme pour prendre une photo. Et, sur l’environnement qui se situe à moins d’1 kilomètre, l’ordinateur nous signale par incrustations augmentées les stations de métro, les restaurants, cafés, hôtels… L’application coûte 0,79 euros pour le consommateur alors que d’autres, sur androïde market, proposent la même application gratuite. C’est l’entreprise qui veut avoir de la visibilité qui paie cette visibilité, avec d’ailleurs plus d’applications comme les distributeurs de billets par exemple. Quelque soit l’endroit où l’on se trouve on sait où se situe le distributeur de billets le plus proche et grâce à un accompagnement type GPS, flèche et voix, l’ordinateur nous indique le chemin pour nous y rendre en temps réel. Cette réalité augmentée en est à ses balbutiements. Androïde smart phone développe une application – "wikitude" - sur le modèle de Wikipédia, où une centaine de programmateurs de par le monde vont alimenter cette technologie en terme de contenus. Le potentiel est énorme. On peut localiser à l’écran les amis qui sont proches de soi, identifier les étoiles que l’on voit, connaître les appartements qui sont disponibles dans la rue que je traverse, mettre un nom sur une personne que j’ai rencontré en soirée grâce à un système de reconnaissance spatiale et ainsi l’identifier avant même qu’elle vienne me serrer la main (…) La réalité augmentée est là et pour longtemps.
- Le changement est entré dans notre quotidien. Qu’est ce que cela va pouvoir apporter au monde de la formation ? Cela va induire deux innovations majeures pour la pédagogie.
- La première est que, grâce aux portables, la réalité augmentée va permettre d’être informé en temps réel, quand je veux et où je veux. Cela change complètement la nature de la connaissance et de la formation. L’information devient formation. Sans être caricaturale, la différence entre l’information et la formation tient, pour la formation, en sa capacité de permettre la mémorisation de l’information et sa restitution en situations. L’art de transmettre est l’art de garder en mémoire. Or, avec la réalité augmentée et mobile la mémorisation de l’information n’a plus lieu d’être. Il s’agit de ne pas oublier son portable et quand on en a besoin, l’interroger. La pédagogie ne vise plus un travail sur les stocks, mais devient un travail sur les flux. Il s’agit plus de savoir ce que l’on veut rechercher que d’en connaître le contenu. L’arborescence de la connaissance prime sur la connaissance. Cela permet d’ouvrir un travail sur les classifications, qui permet un développement exponentiel des savoirs et des compétences.
- Le deuxième point touche les modalités d’accompagnement des compétences. Face à une problématique qui n’est pas identifiée, le possesseur d’un mobile peut très bien visionner la situation, et la réalité augmentée calibrera le problème avec la planification des actions à réaliser. Mieux, en situation d’exécution des modes opératoires, le logiciel pourra contrôler le suivi de la réalisation et, comme sur un GPS lorsque l’on se trompe de route, il recalculera un nouveau plan d’action. La réalité augmentée augmentera la puissance du collaborateur. Mieux, elle pourra le guider pour lui permettre de répondre à l’ensemble des paramètres. L’individu pourrait, techniquement, ne plus être le donneur d’ordres afin de permettre de respecter au quotidien et en temps réel les réalisations de plus en plus complexes de notre environnement. Le potentiel est là.
- Les applications sont là. Les réalisations vont venir. Mais la technologie n’est pas neutre. Il s’agit autant d’une opportunité extraordinaire que d’un danger potentiel qui pourrait assujettir l’homme au robot pour en faire le robot du robot. L’avenir se construit. Il s’agit de mettre en perspective le devenir avec l’éthique formative que l’on veut construire. L’homme va augmenter sa puissance, mais de quel homme parlons-nous ?
Stéphane Diebold, créateur de Temna (http://www.temna.fr)


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