Savoir n’est pas apprendre. Par Stéphane Diebold

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On a parlé de l’économie du savoir, c’est dire l’importance que l’on accorde au savoir. On a parlé d’une nouvelle façon d’apprendre, avec le fameux apprendre à apprendre, comme nécessité sociétale. Alors que penser de savoir et d’apprendre ? Synonymes, contraires, ou quoi ? Philippe Meirieu ouvre la voie avec « savoir n’est pas apprendre », on pourrait ajouter apprendre n’est pas savoir… De quoi parle-t-on au juste ?

Aujourd’hui chacun aimerait savoir, mais savoir quoi ? Savoir conduire une voiture quand on est face à la voiture ? Savoir réparer son Smartphone quand il est en panne ? Savoir cuisiner quand on a faim ? Le savoir quand on en a besoin. On pourrait observer que nombre d’observateurs associent ce comportement à la génération Y, autrement dit, les jeunes. Le jeune est habitué à la vitesse, à tout avoir en temps réel ; une interactivité de la connaissance. Ils veulent tout et tout de suite. Et les technologies de l’information nous aident à vivre cette situation. Google nous a permis d’avoir sur simple requête toutes les réponses à nos questions et l’algorithme est apprenant, car il peut tenir compte de notre historique. Nos habitudes nous aident à être plus efficaces. Le Smartphone nous permet d’avoir la réponse à ce que l’on désire en temps réel, quel que soit l’endroit où l’on se trouve, pour peu que la connexion 3G ou 4G soit possible.


Une alternative à l’apprentissage

Philippe Merieu ajoute que maintenant les jeunes, s’ils veulent savoir, ne veulent plus apprendre. Ce que l’on peut dire, dans un premier temps, c’est que ce n’est pas absurde de le penser. La technologie peut être une alternative à l’apprentissage. Il y a encore quelques années, cette solution n’était pas envisageable. Et, plus encore avec les techniques d’anticipation, il est fort probable que le savoir pourra être poussé avant que l’individu ait conscience qu’il en a le besoin. Aujourd’hui, c’est l’homme qui active la demande, avec le Machine to Machine (MtoM), la machine est tout à fait capable d’anticiper sans l’homme. Alors le savoir versus l’apprendre ? La fin de l’apprendre ?


Comprendre le savoir

Assurément, le savoir immédiatement, quand on veut, ou l’on veut, libère une part importante des besoins de savoir de l’homme. Et l’externalisation à la machine libère encore davantage la mobilisation d’énergie apprenante de l’homme. Mais le savoir ne fait pas la connaissance. Notre capacité cognitive n’est pas une encyclopédie qui capitalise du savoir sous forme de strates. La connaissance raconte une histoire, c’est-à-dire qu’elle donne vie à ce savoir en le mettant en perspective. Cette capacité n’est pas un savoir rationnel, mais affectif. Un projet est d’abord une envie, une projection émotionnelle qui par la suite peut être rationnalisée, factualisable. Apprendre c’est d’abord prendre avec soi, prendre soin de la contextualisation, apprendre à rêver et pour cela comprendre le savoir. Que penser d’un Mozart qui n’aurait pas appris la musique, dépasser le savoir pour devenir un créatif du savoir ? Mais là encore, apprendre n’est pas savoir, mais accepter le bonheur qu’il y a à accepter d’apprendre. Reste à l’apprendre…

 

A propos de l’auteur :

Stéphane Diébold
a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA (www.temna.fr) dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, aujourd’hui Vice-président du GARF (Groupement des acteurs et responsables formation) et de l’ETDF (European traning and development federation – Fédération européenne pour la formation et le développement).

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