Vers une territorialisation de la formation ?

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A l’occasion de ses 40 ans, l’Opca de l’économie sociale Uniformation organisait une journée de conférences, dont l’une s’est intéressée à la question de la territorialisation de la formation professionnelle. Au cœur des discussions : l’acte III de la décentralisation qui sera examiné en conseil des ministres début 2013.

« On a besoin d’avoir un pilote dans l’avion et la région est un interlocuteur pertinent sur le sujet », lance Jean-Paul Denanot, président de la commission formation professionnelle de l’Association des régions de France (ARF). Le ton est donné et semble faire un relatif consensus auprès des intervenants. Reste à trouver la bonne méthode. « L’idée première est que tous ceux qui financent la formation professionnelle puissent se mettre autour de la table pour déterminer les objectifs et les moyens associés », reprend Jean-Paul Denanot. Celui-ci s’attache en particulier à la chaine "orientation, formation, emploi". Il explique :  « Il faut pouvoir analyser les besoins en matière d’emploi, identifier les formations qui y répondent et convaincre les jeunes et les demandeurs d’emploi de s’y engager. » L’objectif d’une commande publique concertée et assurée par les régions ? Assurer une coordination des actions menées sur les territoires entre les différents acteurs impliqués et offrir une certaine cohérence de ladite commande publique.

Compétences partagées

Car pour l’heure, le président de la commission formation professionnelle de l’ARF relève un certain nombre d’incohérences entre la commande de Pôle Emploi et celle des régions. Fabien Beltrame, chef du département orientation et formation professionnelle de Pôle Emploi, reconnaît que bien que le contenu des formations soit décidé au niveau régional et, dans le meilleur des cas, en concertation avec les autres acteurs de la formation, « il faut contribuer plus largement aux besoins des bassins d’emploi et des entreprises ».
Jean-Patrick Gille, député d’Indre-et-Loire, ajoute : « J’ai l’impression que l’on se dirige vers l’emploi comme compétence d’état et les régions qui retrouvent un peu plus la compétence formation professionnelle. La question de l’orientation, elle, se révèle plus compliquée. » Autrement dit, la commande publique menée par les régions et l’accompagnement des demandeurs d’emploi par Pôle Emploi. Le prisme régional, selon Hugues Vidor, vice-président de l’Usgeres, « peut se révéler utile pour faire remonter les besoins de formation ». Mais cette vision reste trop limitative et ne prendrait pas en compte un certain nombre de facteurs.

Mobilités inter-régionales

« L’une des difficultés, appuie Fabien Beltrame, concerne la mobilité inter-régionale. Dans chaque région, la formation la plus proche pour le demandeur d’emploi peut parfois se trouver dans la région voisine. Jusque là, nous avons des difficultés à proposer cette solution. » Celui-ci souligne aussi l’existence d’un certain nombre de formations techniques, pointues, qui ne peuvent pas être régionalisées car elles nécessitent du matériel en conséquence. « Il faut permettre aux demandeurs d’emploi d’aller se former sur les plateaux techniques nationaux et de revenir ensuite dans leur région », commente Fabien Beltrame.  
Jean-Patrick Gille avance également la nécessité que le FPSPP soutienne des politiques régionales. Des politiques qui doivent aussi « être pensées dans une logique de branche », rappelle Hugues Vidor. En définitive, pour reprendre les termes de Jean-Patrick Gille, « décentralisation et territorialisation ne se résument pas à régionalisation ».

Brice Ancelin

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