E-learning, Web 2.0… L’univers de la formation professionnelle enchaîne depuis quelques années les révolutions. Comment les formateurs devront-ils intégrer tous ces bouleversements ? A quoi ressemblera leur travail demain ? Nous avons interrogé à ce sujet Lionel Soubeyran, président du Syndicat des indépendants consultants et formateurs (Sicfor). Quels seront selon vous les grands enjeux de la formation professionnelle dans les années à venir ? - La formation a toujours suivi les évolutions de la société. Au-delà des traditionnels items que sont le « savoir », le « savoir être » et le « savoir faire », les formateurs aborderont de nouvelles notions comme le « savoir s'adapter » ou le « savoir apprendre », deux compétences devenues fondamentales dans un univers en constante évolution. Le « savoir devenir », à travers le développement personnel, devrait à mon avis prendre une place croissante. Enfin, dans une société qui privilégie l’individualisme, le « savoir vivre avec l'autre » prendra tout son sens si l’on veut continuer à travailler en société. Comment voyez-vous le marché évoluer sur le plan des techniques de formation ? - Le développement du e-learning me paraît inéluctable, notamment pour tout ce qui concerne les savoirs et les techniques. Mais on aura toujours besoin de formateurs dès lors que l'on abordera le savoir faire, le relationnel ou le comportemental. Je crois d’ailleurs beaucoup au "blended learning" qui se développe actuellement où l'on utilise l’e-learning pour acquérir les bases théoriques et la formation en présentiel pour la mise en œuvre de nouvelles compétences ou l'entraînement. Le contact avec un formateur restera un élément clé de l'apprentissage. Que pensez-vous de l’apparition des outils du Web 2.0 dans l’univers de la formation ? - Pour moi, les réseaux sociaux ou les blogs relèvent plus de l’information que de la formation. Maintenant, à partir du moment où l’on s'inscrit dans un cadre de formation précis, avec un projet pédagogique, internet constitue sans nul doute un vecteur de formation puissant qui permettra notamment de gagner du temps et de démultiplier les apprentissages. On devrait ainsi assister au développement des salles de formation virtuelles en vidéoconférence où les stagiaires pourront se voir et échanger. Mais encore une fois, à un moment donné, il faudra que les gens soient physiquement en face à face pour que les interactions émotionnelles puissent opérer. Quid des contenus ? - Dans une société de plus en plus individualiste, tout ce qui tourne autour du développement personnel et du comportement devrait continuer à prospérer. Mais les formations techniques liées aux métiers resteront elles aussi nécessaires. Par rapport à tous ces bouleversements, quelles sont les principales évolutions à attendre dans l’exercice du métier de formateur ? - Pour répondre à l’individualisation grandissante des formations, le formateur devra faire du sur-mesure. Il devra pour cela concilier le cadre général de la formation avec les demandes spécifiques de chacun des participants. Cela nécessitera une plus grande souplesse et une veille permanente sur l'évolution des métiers et des techniques. Pour y parvenir, le formateur devra en permanence se former lui-même, et adopter une posture de visionnaire afin d'anticiper les tendances à venir, les nouvelles technologies... Au final, le formateur sera de plus en plus autonome et responsable, quel que soit son statut. Le temps où l’on pouvait fonder sa compétence sur un savoir théorique me semble bel et bien révolu.
Propos recueillis par Yves Rivoal
Crédit photo : Fotolia.com



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