Entre avril et juillet 2008, 200 collaborateurs des équipes informatiques du groupe Michelin ont expérimenté un module de formation sur Second Life. Philippe Barreaud, architecte en chef des systèmes d'information du groupe Michelin, revient sur cette initiative qui a reçu le second prix IntraVerse récompensant les projets d'entreprise développés dans un environnement virtuel. Pourquoi avez-vous choisi Second Life pour former vos équipes systèmes d'information ? Nous avions un défi à relever sur l'architecture d'entreprise. Nous voulions faire comprendre à nos équipes projets ce concept qui vise à mutualiser les process et les solutions informatiques. Pourquoi Second Life ? Parce que l'approche en salle avait échoué. Il nous a aussi semblé que les mondes virtuels présentaient une réelle valeur ajoutée auprès d'une population qui aime bien l'innovation. Nous avons donc décidé de faire un test en proposant une formation d'une demi-journée à 200 collaborateurs en Asie, Europe et Amérique du Nord. Concrètement, comment s'est déroulée la formation ? Nous avons immergé les stagiaires sur l'île Michelin que l'on avait créée via une période d'acclimatation afin qu'ils se sentent à l'aise pour évoluer, interagir, communiquer et suivre le formateur. Nous avions construit un véritable parcours de formation où l'on passait d'un bâtiment à un autre, d'un atelier à un autre... Ce parcours reprenait tous les cycles de construction de l'architecture d'entreprise. Nous avons utilisé le moins de slides (diapositives) possibles pour privilégier les ateliers interactifs où les stagiaires apprenaient en faisant au sein de groupes de huit à dix personnes. Chaque stagiaire avait son avatar, sorte de double qu'il manipulait pour évoluer dans ce monde virtuel. Avec le recul, comment analysez-vous les résultats obtenus ? Ils sont très positifs puisque nous avons obtenu plus de 96 % de réponses positives au questionnaire de fin de stage. Sur un plan plus qualitatif, il ressortait que la formation avait permis de rendre simple un sujet compliqué et que la technologie permettait de rester complètement focalisé sur le sujet. Quelles sont selon vous les formations qui peuvent se dérouler sur Second Life ? Si l'on excepte les formations où l'objectif est d'être ensemble, on peut tout apprendre sur Second Life. Le monde virtuel se prête particulièrement bien aux simulations, au travail sur les modes opératoires, aux matières complexes... Mais pour cela, il faut savoir tirer parti du potentiel de l'outil pour multiplier les interactions et mettre en place des passerelles entre le réel et le virtuel. Nous avions ainsi intégré des panneaux qui permettaient d'accéder directement à nos systèmes d'information. Au final, vous obtenez des formations très denses qui délivrent plus de contenus en moins de temps, et à des coûts compétitifs puisque ce stage nous a coûté 60 000 €, soit 300 € par stagiaire. Est-ce que selon vous, tout le monde peut être formé sur Second Life ? Oui. La formation était ouverte à des gens du business, à des jeunes et moins jeunes, à des personnes de cultures différentes... Tout le monde a adhéré et très vite. En cinq ou dix minutes, tous les stagiaires maîtrisaient les fonctions nécessaires pour évoluer dans l'environnement. Pensez-vous que Second Life jouera un rôle important en matière de formation ou qu'il va rester une sorte de gadget ? Si l'on considère le potentiel d'interactivité et de démultiplication du réel, je pense que la formation sur Second Life a de beaux jours devant elle et qu'elle ouvre même des perspectives nouvelles en matière de pédagogie, de création, d'innovation et de travail collaboratif. Yves Rivoal



Lire aussi les autres articles publiés sur le sujet sur FormaGuide : - Bienvenue dans l’ère du formateur 2.0 ! - Comment former la génération Y ? - Quel champ d’applications pour le e-learning ? - Le renouveau de la formation à distance

Déposez gratuitement
vos besoins de formations

RECHERCHER UNE FORMATION