Attention à l'attention. Par Stéphane Diébold

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Le monde est plein d'information, trop d'information, il y a infobésité. Cette maladie nous fait mal stocker l’information. D’un côté, une information qui ne nous sert à rien, une surcharge informative et d’un autre côté, une cécité informative, nous passons à côté de l’essentiel ; trop d'informations pour qu’elle soit traitée.

Il faut prendre soin de l’information, et c’est là le rôle de l’attention. Savoir choisir la bonne information au bon moment, sélectionner les bons stimuli. D’ailleurs, l'attention n'est-elle pas la faculté de focaliser, isoler une information, ou un groupe d'information, pour pouvoir l'analyser ultérieurement ? Et en ce qui nous concerne, l’attention est un prérequis à l'apprentissage. Alan Baddeley et Graham Hitch avait montré, en 1974, qu'il existait un lien fort entre mémoire et attention, et la mémoire a longtemps été considérée comme le cœur de l’apprentissage

Le cœur de l’apprentissage

Et ce n’est qu’un début. Chris Anderson, directeur de Wired Magazine, a proposé un cadre d’analyse qui ne va pas arranger les choses. C'est la théorie de la longue traine (the gift economy). Il prophétise que toute l'économie va se numériser, l’information sera partout… Il va falloir se faire remarquer dans ce flot d’information infini. L’attention deviendra la denrée rare et socialement de plus en plus désirée, le fameux temps de cerveau disponible. Michael Goldhaber, en 1997, a théorisé le phénomène en créant le concept d'économie de l'attention, une nouvelle façon de penser l'économie, autour d'une nouvelle ressource rare. Et, les annonceurs sont déjà prêts à payer pour cela. La formation n'échappe pas au mouvement, outre le contenu, déjà Youtube propose nombre de formations, accessibles par tous, partout et gratuitement. Autrement dit, encore plus d'informations disponibles... et donc encore moins d'attention. L’attention devient le cœur de l’apprentissage.

Mais attention, il y a attention et attention : l'attention peut être focalisée ou périphérique. L'attention focalisée est celle qui est privilégiée par la formation classique, l'homme se centre sur l'information, c'est un apprenant acteur de son apprentissage... Le rêve quoi ! Mais la valeur montante est l'attention périphérique, l'homme apprend à l'insu de son plein gré, l'apprentissage par le détour. Il est a remarqué que cet apprentissage est aussi l’apprentissage du moindre effort... L'apprenant ne fait plus l'effort de la focalisation, une nouvelle illustration de l’homo festivus ? Les deux focalisations ne sont, toutefois, pas à mettre en opposition, elles sont complémentaires. La focalisation périphérique a aujourd'hui la vedette, faute d'avoir été beaucoup sollicitée dans le passé... l'actualité de l'attention. Mais la réalité est là : tout est bon pour attirer l’attention.

Un outil pédagogique

La formation a vocation a capter l'attention pour accroître son efficience... Capter l'attention, c'est tout le travail du marketing, la pédagogie qui devient l'art de capter l'attention devient un travail de marketeur, de créatif. La formation cherche à comprendre les attentes de l’apprenant pour mieux les satisfaire voire, rêve de marketeur, mieux les anticiper. Les stratégies pull (tiré les attentes des apprenants) s’articuleront avec les stratégies push (pousser les décisions de l’entreprise) pour construire une offre formative cohérente.

La captation de l'attention devient un outil pédagogique. Il ne s'agit pas tant de créer un spectacle pédagogique pour amuser l'apprenant, que de construire un spectacle de rue où chacun est acteur du spectacle. Le spectacle apprenant est le fait de tous, l'apprendre ensemble. L'attention partagée devient une clé de l'engagement... Comme quoi, il devient indispensable de mettre sous tension l'attention, mais attention à la surcharge...


A propos de l’auteur :

Stéphane Diébold a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA (www.temna.fr) dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, aujourd’hui Vice-président du GARF (Groupement des acteurs et responsables formation) et de l’ETDF (European traning and development federation – Fédération européenne pour la formation et le développement).

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