Crise : la formation fait de la résistance

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Le jeudi 19 novembre 2009, l’Afref et le FFFOD organisaient une matinée d’information autour du thème "Crise, sortie de crise : quel accompagnement de la formation ?" L’occasion de voir comment certaines entreprises profitent de cette crise pour réorienter leur politique formation.
- « Ce n’est pas une simple crise que nous vivons, commence Patrice Simonet, directeur de la Sodesi (1), l’une des structures de reconversion du groupe Air-France KLM. C’est beaucoup plus que ça. Jusqu’à présent, les crises traversées dans le domaine aérien étaient conjoncturelles (11 septembre, grippe aviaire…). Aujourd’hui, il y a aussi un aspect structurel. »
L’homme souligne la dimension de mutation du phénomène. Les repères changent, et ils changent plus vite, les entreprises réorientent leurs politiques d’achat et leurs stratégies globales.
En matière de formation, la tentation de l’efficacité à court terme et des réductions budgétaires est latente, quand elle n’est pas clairement affichée, voire imposée par le contexte économique. Il s’agit alors « de savoir dire non, pour ne pas atteindre le seuil critique où la formation n’a plus d’utilité », prévient Patrice Simonet.
De nouveaux chantiers formation
- En ce sens, pour la Sodesi, certaines formations demeurent indispensables : celles des mécaniciens pour l’entretien des avions au sol, les formations en informatique, en sécurité et en sûreté ou encore les formations liées à la politique handicap du groupe.
Ensuite, la crise impose également son rythme, et de nouveaux chantiers formation émergent en conséquences. « Depuis déjà un certain temps, nous nous engageons à accompagner dans la recherche de leur premier emploi les jeunes formés au sein de l’entreprise et non recrutés », explique Patrice Simonet. Et, avec la crise, ce nombre va croissant. Il s’agit donc d’étendre cet accompagnement à tous les jeunes concernés (rédaction de CV, préparation à l’entretien d’embauche…).
Pour pallier les difficultés liées à la mobilité géographique, le groupe développe le télétravail, « et il faut bien accompagner ce développement par la formation », relève le directeur. Le prochain plan de départs volontaires annoncé par le groupe pour début 2010 va également demander la mise en œuvre de différentes prestations de formation. Au programme : coaching interne (pour accompagner les prises de poste accélérées, gérer la transmission des savoir-faire), formations pour suivre le climat social, accompagnement à la création d’entreprise…
L’indispensable adaptabilité
- Pour le bureau d’études, partenaire des constructeurs automobile, Bertrandt, « le maître-mot a été l’adaptabilité », soutient Agnès Vogt-Raynaud, RRH chez Bertrandt. Une adaptation aux besoins des clients et à leurs nouvelles stratégies. Il s’agit également de sauvegarder les emplois et de trouver des alternatives au chômage partiel. Rôle que la formation joue pleinement.
Le bureau d’étude a ainsi mis en œuvre des périodes de professionnalisation, avec le soutien de son Opca. « Nous avons également officialisé notre politique DIF, mis en place des bilans de compétences et réalisé nos deux premières VAE », ajoute Nelly Thouement, chargée de formation chez Bertrandt.
Surtout, la crise a été, pour le cabinet, l’occasion d’étendre son activité à un nouveau domaine. La responsable formation appuie : « Nous avons optimisé nos formations internes, ce qui valorise nos experts et nous essayons d’obtenir un agrément formation pour former nos clients ».
Une obligation de résultats
- Ces initiatives ne permettent pas, pour autant, d’éviter toutes les contraintes liées à la crise. « On constate une montée des exigences, remarque Patrice Simonet. Sur toutes les demandes de formation que nous allons émettre, il y a, quelque part, une obligation de résultat. Le retour sur investissement doit être rapide. » Autrement dit, les prestataires sont mis en concurrence par la voie de l’appel d’offres. « Les réponses, comme la mise en œuvre, doivent être rapides », ajoute le directeur de la Sodesi.
De son côté, Nelly Thouement reconnaît : « La contrainte des coûts ne nous a pas permis de former le volume de salariés escompté. Nous aurions aimé faire beaucoup plus. » Elle poursuit : « Il peut aussi parfois être difficile de trouver des missions en cohérence avec les objectifs de reconversion de certains salariés. » En écho, Agnès Vogt-Raynaud conclut : « La formation en soit ne suffit pas. L’essentiel réside dans l’approche que vous en avez, dans vos comportements, dans la façon de la mettre en place. »
Brice Ancelin
Crédit photo : Fotolia.com
(1) Société pour le développement de l'emploi dans les services et l'industrie



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