De l’apport du terrain dans la formation

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La formule de la formation de deux jours en salle a été éprouvée à maintes reprises et présente de nombreux avantages. Mais, selon les approches, ce mode d’apprentissage peut parfois afficher certaines limites : manque d’implication des stagiaires, de mise en application directe des acquis… En réponse, certains organismes proposent des formations alliant formation en salle et sur le terrain. Retour sur ce mode d’apprentissage qui entend réconcilier travail et formation.
« La formation et le travail sont encore trop vus comme deux choses différentes, commence Leïla Nadji, fondatrice et dirigeante d’impact conseil. Les salariés voient alors la formation comme un moment de détente et il ne se passe pas forcément grand-chose, après, sur le terrain. » Elle reprend : « La formation en salle, avec des apports théoriques et face à un groupe, sera toujours incontournable. Mais on peut la nourrir avec une réelle expérimentation. »
Et si l’emploi et la formation sont, dans une certaine mesure, encore trop éloignés, « un certain nombre de pratiques tendent à inverser la tendance », nuance ainsi Leïla Nadji. C’est notamment le cas des périodes de professionnalisation ou de la VAE (Validation des acquis de l’expérience). Dans le même ordre d’idée, ces formations qui mêlent apprentissage en salle et terrain participent à ce rapprochement. « Ces formations tendent à développer l’apprentissage sur le poste de travail, commente Leïla Nadji. C’est aussi une façon de développer une organisation apprenante. Il s’agit d’un véritable outil de management. »
Valoriser la personne
« En général, on propose une ou deux journées de formation en salle et une journée sur le terrain où j’accompagne les stagiaires, explique Fabienne Perdereau, dirigeante de MKForm. Cet accompagnement permet de valider les acquis de la formation, mais également d’amener des correctifs et de valoriser la personne. » Plus qu’une simple évaluation, il s’agit réellement d’une formation sur le terrain. « Le plus souvent, je viens sur le terrain un mois ou deux après la formation, pour qu’ils aient le temps d’expérimenter », ajoute Leïla Nadji.
Mais ce format n’est pas figé. « Il n’y a pas de périodicité type, appuie Fabienne Perdereau. Ce peut-être beaucoup plus long, jusqu’à un an pour une période de professionnalisation. »
Prendre des précautions
Ces formations sont adaptées pour travailler sur les compétences techniques et comportementales. Une mode d’apprentissage particulièrement adaptée pour ce qui touche aux métiers de l’accueil et du service, avec une part de relationnel, de communication verbale. « On peut aussi travailler avec des managers chargés d’animer des réunions avec leurs collaborateurs », note Leïla Nadji. Un domaine d’intervention qui demande quand même de prendre certaines précautions. « C’est effectivement plus difficile dans le cadre du management, tempère Fabienne Perdereau. Le fait d’être à côté du manager en situation de travail ne doit pas non plus le discréditer vis-à-vis de ses collaborateurs. » Pour la dirigeante, cela peut rapidement s’apparenter à du coaching, plus qu’à un acte de formation au sens strict du terme. Ce qui n’est pas visé dans le cas présent. Question d’approche et de pratique.
Des formations contextualisées
Tout dépend donc des compétences du formateur. Ce qui est certain, pour ce type de formations, c’est que le formateur lui-même doit avoir une certaine expérience du terrain. « Un de mes objectifs, en tant que formatrice, est de transmettre un savoir-faire en fonction de ma propre expérience personnelle de terrain. Il est essentiel, pour ce type de formations d’avoir un propre vécu et de le partager », confirme Fabienne Perdereau.
S’il y a des invariables, en particulier sur la partie théorique, la formation doit aussi être construite en fonction du contexte de l’entreprise et de ce qui est amené dans l’action. « Le contenu de la formation va en partie être construit en partenariat avec le responsable formation », souligne Leïla Nadji.
Une question de temps et de culture
Et ces formations ne coûtent pas nécessairement plus cher qu’une formation classique en salle. Les deux dirigeantes s’accordent : « Ce n’est pas plus cher en termes de budget dès lors que l’on sait combien de temps on va travailler. » Et question retour sur investissement, ces formations entendent asseoir les acquis de la formation dans le temps. D’abord parce que le formateur revient sur le terrain un mois après la formation en salle, mais aussi parce que cette approche incite le salarié à s’interroger dans l’action. « C’est comme s’il se mettait à une fenêtre et qu’il regardait son travail », image Leïla Nadji.
Alors que manque-t-il à ces formations pour qu’elles se généralisent ? A priori, il s’agit surtout d’une question de temps et de culture. « En Suisse, les salariés trouvent normal de voir des formateurs sur le terrain. En France, on est moins préparé et la première réaction est de se demander ce que vient faire une personne étrangère à l’entreprise sur le lieu de travail », estime Leïla Nadji. Avant de conclure, optimiste : « L’approche se développe au niveau européen et elle ouvre des possibilités multiples aux entreprises. » Brice Ancelin
Crédits photos : Fotolia.com


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