Dif et entreprises : pas de coup d’éclat

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La dernière enquête menée par Demos sur les pratiques des entreprises en matière de Droit individuel à la formation (DIF) fait état d’une progression lente, mais régulière du dispositif. La marge de progression reste donc importante.

En matière de Dif, les années se suivent et se ressemblent. Seules 1/3 des entreprises interrogées affiche un nombre de salariés utilisateurs du Dif supérieur à 20 % (aucune dans le secteur public, ce qui est dû à une arrivée plus tardive du Dif dans la fonction publique). Le taux d’acceptation des demandes de Dif, lui, tend à se réduire. « Signe d’une augmentation des demandes », selon les auteurs de l’enquête. Mais cette baisse du taux d’acceptation est peut-être aussi due à un manque d’encadrement du dispositif dans les entreprises. Le formalisme serait ainsi peut important, toujours selon les auteurs, dans les demandes de Dif (essentiellement des demandes via formulaire papier, et peu lors de l’entretien annuel). Autres éléments qui traduisent ce manque d’appropriation du dispositif, seules 40 % des entreprises interrogées ont défini des priorités précises concernant le DIF ; les autres n’en ont pas définies ou se sont contentées des priorités de l’accord de branche. De même, si la mise en œuvre d’un catalogue Dif progresse, 61 % des sondés n’en ont toujours pas mis en place. « Les entreprises gagneraient à cadrer le dispositif en amont en clarifiant leur politique et l’articulation Dif/Plan », commentent les auteurs.  

Un outil protéiforme

Développement du professionnalisme dans l’emploi, favoriser l’accès de tous les salariés à la formation, anticiper sur les évolutions de l’emploi… « La diversité des objectifs [visés par les entreprises] rend compte de la plasticité du Dif : il n’est pas fait pour atteindre un objectif unique », notent les auteurs. De même pour les domaines de formation visés : développement personnel (19 %), bureautique (17 %), informatique (15 %), formations métier (14 %)… Les formations apportant des compétences transverses arrivent devant les formations métier.

Le Dif remplit en partie ses objectifs, pour 41 % des entreprises interrogées, il a permis d’envoyer plus de salariés en formation, notamment des salariés qui n’avaient jusqu’alors pas ou moins accès à la formation. Un chiffre en baisse par rapport à 2011. Mais une baisse due en partie au fait que les entreprises déjà engagées dans une démarche Dif ne connaissent plus de croissance de leur taux d’accès à la formation, selon les auteurs.

Baisse des financements Opca

Côté financements, 41 % des entreprises interrogées constatent que le Dif a eu pour effet d’augmenter leur budget formation. « Une solution est sans doute le passage d’une gestion individuelle du Dif à une gestion plus collective pour réaliser des économies d’échelle et une meilleure articulation entre Dif et plan », commente-t-on chez Demos. Dans le même temps, la part des dépenses de Dif prises en charge par l’Opca est en baisse : 40 % des sondés obtiennent moins de 50 % de financement via leur Opca (contre 30 % des sondés en 2011). En revanche, seules 25 % des entreprises interrogées pensent avoir des difficultés pour financer le Dif à l’avenir. Les auteurs concluent : « Le Dif connaît une appropriation et une croissance lente mais régulière. Les entreprises ont abandonné les motivations négatives (peur de l’explosion des compteurs, des demandes, du provisionnement…) et les motivations conjoncturelles (financement Opca) pour inscrire davantage le Dif dans des pratiques régulières. Le Dif se fait donc petit à petit une place dans les pratiques de formation. »

Brice Ancelin

Crédits photo : Fotolia.com

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