La culture générale comme facteur clef permettant de mieux comprendre les phénomènes qui impactent les entreprises. Tel est le crédo de Kuryo 4C, société spécialisée dans l'étude et la diffusion des connaissances dans le domaine de la culture et des comportements des citoyens et des consommateurs. Décryptage avec Philippe Sachetti, son directeur associé.

Quelle place les entreprises accordent-elles à la culture générale aujourd'hui ? - Une place un peu à part. Les grandes autorités politiques, spirituelles et familiales s'étant un peu éteintes, la société devient plus exigeante avec les entreprises qui se trouvent obligées d'assumer des choses qui ne relèvent pas de leur métier de base comme le développement durable, la diffusion et la défense de vraies valeurs... Elles ont donc aujourd'hui un besoin vital de comprendre les phénomènes sociétaux qui les bouleversent en les faisant sortir de leur cadre habituel de production et de commercialisation de produits et services. Dans ce contexte, la culture générale apparaît à nouveau essentielle. Que recouvre aujourd'hui la notion de culture générale ? - La définition est très difficile à établir car l'expression est un peu galvaudée. Le français, la littérature, et d'une manière générale toutes les sciences pures, en font partie. Pour ma part, je préfère appliquer une définition beaucoup plus pragmatique qui se focalise sur les connaissances connexes à l'activité de l'entreprise : la fidélité, la rumeur, les nouveaux comportements des consommateurs... Pour moi, il s'agit de vrais sujets de culture générale. Pour comprendre pourquoi le consommateur est aujourd'hui plus exigeant, plus versatile, ou plus infidèle, pourquoi il se croit plus compétent et n'hésite plus à reporter ses décisions, il faut faire appel à l'histoire, l'économie, la géopolitique, la psychologie, la théologie... Le mariage de tous ces champs disciplinaires donne un éclairage différent sur des changements qui ont été assez profonds et assez violents ces quinze dernières années.

Comment s'organisent ces formations pluridisciplinaires ? - Elles sont forcément sur mesure. Par exemple, nous sommes dernièrement intervenus auprès de l'ensemble des collaborateurs de Century 21 sur des problématiques de mobilité, de nouveaux comportements des consommateurs et de fidélité. Nous avons imaginé pour eux un véritable spectacle de culture générale sous forme de road show, avec cinq villes de France visitées chaque année, 800 personnes rassemblées à chaque fois dans un théâtre. Pendant plus de cinq heures, nous leur proposions une présentation très animée, avec des extraits de films et de publicité, avec pour ambition de décrypter tous ces phénomènes dans leur intégralité. Cette vision de la culture générale n'est-elle pas un peu trop avant-gardiste ? - A l’origine, nous avions dans notre catalogue des formations à l'histoire, la géographie, l'économie. Mais on s'est aperçu qu'il y avait déjà beaucoup d'acteurs sur le marché, et que la demande était finalement assez faible sur ces enseignements scolaires. Un peu comme si l'entreprise avait un peu honte de se payer sur le dos de la formation continue des choses qui relèvent de la gourmandise. On a donc préféré se concentrer sur les vrais problèmes de l'entreprise, et non pas sur des savoirs un peu déconnectés. Cette conception n'est sans doute pas encore en phase avec le marché, mais j'ose espérer que l’on nous donnera raison bientôt ! Propos recueillis par Yves Rivoal


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