Formation : le théâtre à l'assaut du stress

Share |

Le théâtre a désormais acquis ses lettres de noblesse dans la formation. Dispositif pédagogique parmi d’autres, celui-ci revêt des qualités particulières qui en font un bon outil pour approcher certaines situations délicates, à l’image de la gestion du stress en entreprise. Lever de rideau sur une pratique qui s’ancre chaque jour un peu plus dans les entreprises.
- « Le théâtre d’entreprise présente le grand avantage de dédramatiser le sujet, sans pour autant l’édulcorer », commence Philippe Coste, co-fondateur et associé chez Multicomédie. Comment ? « Grâce à sa fonction d’effet miroir », répond Fabrice Agret, scénariste, concepteur et formateur chez Théâtre à la carte. Autrement dit, en particulier sur la problématique du stress, le théâtre permet de faire prendre conscience du sujet aux salariés, sans pour autant les faire culpabiliser.
Car « le stress en entreprise revêt un impact lourd. Il ne touche pas que les organisations, mais aussi les salariés », appuie Philippe Coste. Et il les touche dans leur plus profonde subjectivité. C’est pourquoi l’approche de la problématique demande autant de précautions. « Cet outil permet ainsi de passer par le canal des émotions en premier lieu, ajoute Philippe Coste. Le rationnel, l’explication, la mise à plat ne viennent qu’ensuite. »
Des mots sur des émotions
- Concrètement, la formation se déroule sur un ou deux jours, rarement plus. « Nous avons déjà eu le cas d’une semaine de formation, mais c’est très rare », confirme Fabrice Agret.
Sur la formation, « celle-ci commence avec une saynète, pour montrer les choses [l’effet miroir, ndlr], poursuit le formateur. Dans un second temps, nous débriefons avec les salariés, nous leur demandons ce qu’ils ont vu et comment les acteurs auraient dû faire pour sortir de cette situation de stress. » Il s’agit de la deuxième phase, au cours de laquelle les salariés commencent à mettre des mots sur des émotions, à identifier des situations jusqu’alors subies et à prendre du recul par rapport à celles-ci. « On apporte des informations sur la définition du stress, les causes externes (mauvaise organisation, relation aux autres, conditions matérielles…) et internes (la façon d’aborder les choses qui est propre à chacun) », explique Fabrice Agret. Dans un troisième temps, les salariés sont incités à imaginer des situations entre collègues.
Un schéma relativement identique chez Multicomédie qui s’appuie sur trois étapes essentielles : sensibilisation (via le théâtre), prise de conscience / appropriation (avec un professionnel du stress : coach, psychologue…) et restitution (par les salariés qui montent leurs propres saynètes par petits groupes).
Des formations sur mesure
- Avec cette approche assez particulière, la pratique peut parfois interroger. Le responsable formation ou le DRH est en droit de se demander si ces formations sont bien sérieuses. « Avec le temps, nous avons visité beaucoup d’entreprises, du BTP aux assurance, confie Fabrice Agret. Nous avons questionné nombre d’entreprises sur leurs problématiques propres. »
Si bien qu’aujourd’hui, ces entreprises de formation par le théâtre proposent des formations sur catalogue, mais également sur mesure. « Nous avons beaucoup de demandes pour le sur-mesure, note Fabrice Agret. Les formations catalogues nous permettent surtout de présenter notre travail. Car, même sur ces dernières, nous devons presque toujours nous adapter au contexte propre de l’entreprise. »
Et ces professionnels ne travaillent pas seuls. La plupart du temps, les comédiens jouent la saynète écrite par un scénariste, qui œuvre de concert avec un spécialiste du stress. Ce dernier s’appuiera sur les saynètes pour animer sa formation.
Une politique RH globale
- Une entreprise sérieuse, certes. Mais est-ce suffisant pour venir à bout du stress ? « Non, répond d’emblée Philippe Coste. Il s’agit d’un déclencheur, d’une entrée en matière. » Fabrice Agret reprend : « Tous les ans, il faudrait faire une piqûre de rappel ou une autre formation. »
En la matière, La communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, a fait rentrer cette formation dans un programme pluriannuel ambitieux et beaucoup plus global, intitulé "Bien être ensemble". « Ce programme aborde la question plus large des risques psychosociaux, précise Florence Berson, directrice des affaires sociales au sein de la DRH de la communauté d’agglomération. Certains agents ont travaillé sur les risques de l’alcool en milieu professionnel, d’autres sur la politique handicap. Nous avons aussi mené des actions ponctuelles sur le territoire. »
Mais inscrite dans une politique RH globale, cette formation par le théâtre « est un outil très utile que nous réutiliserons souvent pour parler du stress », affirme Florence Berson. Et de conclure : « Ce qui est certain, c’est qu’il ne faut pas hésiter à être créatif dans les actions de prévention. »
Brice Ancelin

à lire également

Dans la même rubrique

RECHERCHER UNE FORMATION

AEC logo


Recherche guidée thématique

Recherche par thème :