- Le signe qui permet d’indiquer, de donner une structure ; autrement dit, étymologiquement, d’instruire. Or les deux domaines ne sont pas traditionnellement sur les mêmes champs d’interrogation. Classiquement, l’information est centrée sur le quoi : « De quoi parle-t-on ? », « Qu’elle est la signification ? ». Alors que la formation est centrée sur le pourquoi et le pour quoi, le but et le résultat. L’une est la matière de l’autre. Regardons-y de plus près.
- La révolution des TICE (Technologies de l’information et de la communication pour l’éducation) a conduit les médias à faire leur introspection : interactivité généralisée, faire du récepteur un producteur d’information… L’ensemble des métiers s’interroge. A titre d’exemple, quel peut être l’avenir du métier de journaliste si tout le monde devient journaliste ? Le monde de l’information s’adapte, et la mutation a déjà commencé. Les documentalistes ont ouvert les chantiers suivants : les modes opératoires de la construction de l’information avec sa mise en scène, les modes de traitement de l’information avec les analyses et les structurations des savoirs et enfin, les modes opératoires sur les usages de l’information comme la capacité d’évaluation, l’efficacité de l’information. Dès la fin des années 80 la réflexion professionnelle proposait une théorisation de la médiation documentaire et, en 1992, le terme didactique documentaire est apparu pour n’être opératoire qu’au début des années 2000, avec l’apparition, entre temps, de la notion de pédagogie documentaire. Sans être trop réducteur et en les regardant avec les lunettes de la formation, la pédagogie de l’information s’intéresse à la relation entre l’émetteur et le récepteur de l’information, alors que la didactique explore davantage les contenus en vue de l’appropriation par le récepteur. De part le choix des mots, mais pas seulement, l’information tend vers la formation.
- Le contraire est aussi vrai. La formation se tourne vers l’information avec, pour la pédagogie, le fait de structurer l’information de façon à favoriser l’efficacité de la transmission et avec pour la didactique, le fait de s’interroger sur le choix des informations ou des contenus pertinents. L’information devenant pléthorique, elle pose le problème de son choix et de sa réactualisation, là où la formation avait l’habitude d’un autre rythme. On parle déjà de mal information, comme de mal bouffe, avec sa maladie, l’infobèse, qui consiste à devenir engorgé par le flux d’informations jusqu’à être en surpoids. C’est toute la problématique de l’actualité de l’actualité. La formation doit mettre en distance. Mais l’information n’est que la maladie de la formation, elle en est aussi sa solution : pour se faire entendre l’information commence à trouver ses codes, avec les réflexions qui les accompagnent. Et, la formation commence à s’inspirer de ce travail avec des notions émergentes comme, par exemple, le marketing de la formation, la théâtralisation des pédagogies, ou le créatif de formation. Il serait étonnant que la formation qui tende vers l’information et que l’information qui tende vers la formation ne finissent pas par se rencontrer plus longuement.
- Les deux mises bout à bout nous permettraient de construire une culture de l’information et de la formation nouvelle qui intègre tout à la fois l’outil et l’objectif, pour faire vivre ce que Régis Debré appelle d’ores et déjà la culture du spectacle.
Stéphane Diebold, créateur de Temna (http://www.temna.fr)


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