L’avenir est-il dans Twitter ? Par Stéphane Diebold

Share |

Bon nombre de personnes sont d’accord pour dire que Twitter rend idiot, pour reprendre le thème de l’article de Nicolas Carr. Tout le monde est tellement d’accord que, finalement, il est intéressant d’aller voir si effectivement Twitter est un réducteur de pensées. On dit souvent que Twitter est l’avenir de l’information, alors qu’en est-il de la formation ? Twitter va-t-il atteindre le monde de la formation ou la formation est-elle hors du monde de l’IT ?

La grosse critique qui est formulée à Twitter peut être résumée à 140 caractères : à raccourcir les tweets, on finit par raccourcir la pensée… jusqu’à la rendre bêtifiante. Et si l’on suit un fil d’actualité, que d’inepties, de fadaises ou autres bécasseries. Que peut-on en dire ? Sans éluder la question, on peut s’interroger sur la focalisation sur les outils du net. Que ne dirait-on pas si l’on regardait de plus près nos échanges téléphoniques ou même le contenu de nos conversations quotidiennes ? Retrouverait-on la platitude twittorienne ?

Capter l’attention

Mais allons plus loin, Oscar Wilde était maître dans l’art des bons mots, l’art de trouver des formules courtes qui touchent justes. Alors, Oscar Wilde serait-il idiot ? La concision est une écriture. Nous sommes dans un monde qui va plus vite, qui nécessite de capter l’attention de son auditoire pour développer ses idées. L’Association francophone pour le savoir relatait qu’au Canada on demandait aux thésards de présenter leur thèse en 180 secondes ; savoir faire court en dit long sur la maîtrise d’un sujet. Twitter est un outil au service d’un mouvement plus large, l’économie de l’attention.

Industrialiser les benchmarks

L’information tweete, surtout depuis des affaires comme l’affaire DSK où l’information était d’abord tweetée. L’actualité de l’actualité pousse à aller le plus vite possible, Twitter répond à cette demande. Être de son temps, c’est être dans le temps Twitter. On critique souvent l’outil faute de savoir travailler avec. Comment former avec Twitter ? Il commence à y avoir des retours de pratiques intéressants. Comment industrialiser ces benchmarks ? S’agit-il de nier Twitter et de créer une formation hors du temps de nos entreprises, de nos sociétés ? Twitter pose des questions et particulièrement celle de l’adaptation de la formation. Twitter est d’abord une nouvelle pédagogie.

Démarche egoTIC

Twitter est-il alors le nouveau veau d’or ? La critique n’est pas seulement sur la forme qui fait le fond, mais aussi sur le fond. A être focalisé sur le quotidien, il manque la distance qui fait la profondeur. La fadeur des contenus, des gens qui parlent d’eux-mêmes, de leur quotidien sans événement, frise le narcissisme pathologique, surtout si on le compare à l’argumentaire discursif cher à Jünger Habermas. On pourrait noter que les enquêtes neurologiques considèrent que parler de soi assure la sécrétion de dopamine, hormone du plaisir, et que la première conséquence des tweets personnels est une réelle source de plaisir. Dans un monde en recherche de sens, le plaisir est déjà un dommage collatéral fort acceptable, Twitter est un créateur de bonheur. Une nouvelle démarche egoTIC permet de travailler différemment pour assurer l’efficacité de la transmission… en moins de 140 caractères. Ce qui gêne dans Twitter c’est qu’il pose tant de questions là où nos réponses sont si courtes.

A propos de l’auteur :

Stéphane Diébold
a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA (www.temna.fr) dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, aujourd’hui Vice-président du GARF (Groupement des acteurs et responsables formation) et de l’ETDF (European traning and development federation – Fédération européenne pour la formation et le développement).

à lire également

Dans la même rubrique

RECHERCHER UNE FORMATION

AEC logo


Recherche guidée thématique

Recherche par thème :