L’individu doit-il vraiment devenir acteur de sa formation ?

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Outre la commission ad hoc, l’accord national interprofessionnel (ANI) donne un éclairage particulier à l’individualisation de la formation, reprenant en cela la philosophie des accords précédents. Chaque individu est acteur de sa formation, et, pour ancrer cette idéologie, on pourrait rajouter tout au long de sa vie. Cela n’a rien de surprenant dans le pays de Descartes, la révolution française avait portée, avec la modernité, les valeurs de l’homme roi. Cet homme autonome cherche à progresser et la formation devient un outil pour acquérir ce progrès social. Ainsi, tout le monde veut se former. - Le DIF est une illustration de ce droit donné à l’individu pour qu’il puisse exercer ses aspirations (sans toutefois aller jusqu’au bout de la logique qui aurait été de construire un droit opposable). L’idée semble faire consensus, encore faut-il s’entendre sur cette problématique pour éviter un consensus mou. - L’individu est responsabilisé. Il a des outils pour choisir sa formation qu’il doit inscrire dans un projet professionnel qui lui assure une forte employabilité. Se préparer pour demain pourquoi pas ? Mais, se préparer à quoi ? Comment un individu peut il faire pour déterminer les métiers qui seront porteurs dans 5,6 ou 10 ans ? Déjà les entreprises ont beaucoup de difficultés à déterminer l’évolution des emplois qu’elles maîtrisent, pourquoi un individu seul aurait il plus de chance de réussir ? Les métallurgistes licenciés pas ARCELOR auraient ils du être des prospectivistes pour anticiper ses licenciements massifs ? Mais allons plus loin, un métallurgiste qui se sentirait obsolète dans ses compétences et qui identifierait une cible de designer, de web master ou d’autres métiers, aurait un problème : comment construire un parcours de formation qui lui permettra d’attendre sa cible ? Deux problèmes, l’identification de la cible et les modes opératoires pour l’atteindre… - L’orientation est problématique, certains responsables, comme Monique Bénailly, proposent de créer un DIO (droit individuel à l’orientation) qui permettrait à chacun de revisiter son passé sur le modèle des bilans de compétences mais surtout de construire une perspective. C’est un nouvel outil qui répondrait à un réel besoin des individus. Mais n’est pas suffisant, car une fois choisie sa cible professionnelle, il est nécessaire de construire un parcours pour l’atteindre. Le responsable de formation peut servir de référent, à condition de ne pas trop s’éloigner de son cœur de métier. Il y a là un nouvel outil d’accompagnement à construire. - La pression s’exerce sur les individus : moins on sait où l’on va, plus on doit se prendre en charge. C’est dédouaner facilement l’entreprise qui reste le cœur de l’acquisition des compétences. Chaque entreprise de par ses choix stratégiques et les modes opératoires pour s’adapter, propose des aventures collectives. L’entreprise se doit de construire des espaces d’apprendre ensemble afin de permettre à chacun d’affronter l’interrogation de la formation. C’est dans cette problématique que l’entreprise apprenante pourra optimiser sa réussite. L’individu ne sera plus pris en otage mais deviendra un acteur de la formation dans l’entreprise du savoir. A la question que l’on se posait, on pourrait répondre que c’est à l’entreprise de reprendre la bannière de la formation pour en faire un avantage concurrentiel durable pour les individus.


Du même auteur, publié sur FormaGuide : - Peut-on revenir aux fondamentaux de la formation ? Par Stéphane Diebold - Information et formation, une relation en devenir. Par Stéphane Diebold - Qu’est ce que la réalité augmentée peut apporter à la formation ? Par Stéphane Diebold - Que peuvent nous apprendre les sites de rencontres sur la formation ? Par Stéphane Diebold - Le formateur doit-il être un « show man » ? Par Stéphane Diebold - La formation peut-elle être « éthique » ? Par Stéphane Diebold - La pédagogie est de retour. Par Stéphane Diebold - Les temps changent, la formation évolue. Par Stéphane Diebold - « Un nouvel outil au service du responsable de formation : le marketing formation ». Par Stéphane Diebold - La formation en management a-t-elle encore un sens ? Par Stéphane Diebold

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