L'Institut Catholique de Paris lancera un diplôme universitaire d'éthique philosophique pour les managers et les professionnels. Hubert Faes, professeur et directeur du second cycle de la faculté de philosophie de l’ICP, nous présente ce cursus qui vise à réconcilier éthique et entreprise. Pourquoi avoir créé ce diplôme universitaire d'éthique philosophique ? - Nous avons mis en place cette formation pour répondre à la demande croissante de réflexion sur l'éthique dans la sphère économique. De plus en plus d’entreprises recherchent de nouveaux moyens pour ressourcer leurs cadres. Il s'agit aussi clairement d'une démarche volontariste de notre part. Nous sommes en effet convaincus que les entreprises traitent aujourd'hui les questions éthiques de manière empirique, sans approfondir réellement leur réflexion. A l’ICP, nous avons la conviction que si les managers avaient un sens éthique un peu plus développé, les organisations feraient face plus efficacement à la crise écologique. A qui s’adresse la formation ? - Il s’agit d’un cursus de niveau Master 2. Le recrutement s'effectuera à niveau bac+4 auprès de managers d’entreprise, mais aussi de responsables de l'administration, d’associations et d’organisations nationales ou internationales. La première rentrée est prévue pour octobre 2009 avec une quinzaine d'étudiants. La formation durera un an à raison d’une journée de formation chaque vendredi. Comment sera organisé le cursus ? - Nous sommes partis du postulat que la réflexion ne pouvait pas se limiter à la connaissance juridique ou sociologique de l’éthique. Nous avons donc choisi d’aborder l’éthique via sa dimension philosophique, avec notamment un volet sur le christianisme et l'éthique. Nous aborderons ensuite les différents domaines de l'éthique appliquée avec des cours de bioéthique, d'éthique économique, d'éthique de l'entreprise, d'éthique sociale... Les étudiants suivront enfin des cours thématiques sur des sujets comme la responsabilité. A la fin du cursus, ils auront un mémoire à rédiger. Ne pensez-vous pas que l’éthique aura toujours du mal à exister face aux exigences de rentabilité des entreprises ? - Non, ce combat est loin d’être perdu d'avance, même si la lutte s’annonce difficile. Il faut faire la part des choses entre une simple récupération de l'éthique, que l'on retrouve dans certaines démarches de management et de commerce équitable, et ce qui relève d'une véritable réflexion éthique. Vous avez aujourd'hui beaucoup d’engagements éthiques qui mettent l'accent sur les individus, l’objectif étant de les inciter à devenir plus responsables, mais sans remettre en cause les pratiques de l'entreprise. Ce sont pourtant deux postures totalement différentes et le choix entre ces deux démarches est vraiment significatif. Propos recueillis par Yves Rivoal


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