La curation est une fonction qui identifie des contenus, les hiérarchise par pertinences et les présente sous forme lisible, en un mot il s’agit de construire une veille ou une intelligence économique, l’information est une donnée essentielle en formation.

Qu’est-ce qu’il y a de nouveau dans la curation ? Sa démocratisation avec les plateformes du type Scoop it, créé en 2010 (www.scoop.it ), ou Paper.li, créer en 2008 (http://paper.li ), ou Storify, créé en 2010 (https://storify.com/),... « Tous curateurs » devient du domaine du possible mais cela est-il utile ?

Un storytelling personnel

La curation est une réponse au professional branding. La base line de Scoop it est : « vous êtes le contenu que vous publiez », les signaux de valeur produit et reproduit par chacun donne une dimension sur l’angle du positionnement marketing de la personne. Ce storytelling personnel, se structure autour d’une histoire et d’une liberté, une sérendipité des savoirs pour constituer une cohérence de signaux envoyés aux lecteurs. Les apprenants deviennent des producteurs d’informations et de formations en nouant les fils des savoirs. La façon dont on nourrit sa production en dit long sur l’organisation personnelle des savoirs d’aujourd’hui et de demain, une mise en perspective professionnelle qui tiendra compte tout à la fois de l’histoire personnelle et de l’histoire future que la personne veut écrire, une bonne analyse des potentiels.

Les amateurs –étymologiquement ceux qui aiment le savoir– créent des contenus autour d’un univers de savoirs personnel et sont considérés comme des experts par leurs pairs. Les amateurs du savoir se professionnalisent et les professionnels s’amateurisent en réintroduisant la passion de la matière, l’affect des savoirs. La curation est la fonction qui assure la rencontre des mondes grâce à la visibilité de la production.

L’entreprise liquide…

Mais la curation est aussi organisationnelle, si chacun est curateur, l’entreprise devient un lieu d’organisation de la curative, de veille des signaux faibles, et les salariés deviennent des vigilants. Les routines innovantes permettent à l’entreprise de devenir liquide pour reprendre le terme de Zygmunt Bauman, elle s’adapte à l’environnement… L’agilité nécessite une politique de curation collective autour d’expériences comme le crowdsourcing ou d’autres formes d’intelligence collective.

Et la formation ? La formation est à la recherche de la forme. Marcel Gauchet parle de la fin des savoirs fondés sur la tradition, le savoir des anciens qui savaient n’est plus opératoire dans des sociétés qui changent de paradigme, les anciens sont dépassés et les savoirs fossiles inopérants… Le savoir solide laisse place à un savoir liquide… La nouvelle industrialisation des savoirs change la nature de la formation qui quitte sa posture de reproduction en une nature de coproduction. La forme devient le mouvement de la forme, et la formation une aventure d’une terra incognita qui se cherche… La formation cherche la forme de la forme et la curation est un des outils qui l’accompagne dans ce cheminement. « Tous curateurs » nécessite plus que jamais des lieux pour donner forme à une connaissance commune qui vit dans le temps… La formation liquide.

Stéphane Diébold a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, et est aujourd’hui président fondateur de l'AFFEN (Association française pour la Formation en entreprise et les Usages numériques).  

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