La difficile ascension des formations au développement durable

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Le XXIe siècle est annoncé comme celui de l’incontournable développement durable. Les entreprises amorcent leur communication sur le sujet et, timidement, un certain nombre de formations commencent à émerger. Mais, le véritable élan - tant attendu - peine à démarrer. Retour sur un sujet de formation en devenir.
- « A un moment ou à une autre, le développement durable va devenir incontournable, ne serait-ce que par la voie réglementaire », commence Marylise Tordjman, directrice générale de l’organisme de formation Test & Planète. Déjà, la loi relative aux nouvelles régulations économiques, publiée le 16 mai 2001, rend obligatoire la réalisation d’un rapport social et environnemental annuel pour environ 700 entreprises françaises. Parmi les éléments que l’on y trouve, figurent des données relatives à la gestion du personnel, au rapport de l’entreprise au territoire et à l’environnement. Seulement, 700 entreprises sur l’ensemble des structures françaises, c’est encore trop peu.
Certes, certains sujets liés au développement durable sont plus matures que d’autres. Les questions d’hygiène, de santé, de sécurité et de prévention au travail ont déjà un peu plus d’avance. Mais la question environnementale peine clairement à séduire, malgré le développement de formations sur le sujet.
Des formations courtes
- Former ses salariés au respect de l’environnement ou au développement durable, en quoi cela consiste exactement ? Cela dépend des objectifs de l’entreprise. Par exemple, Test & Planète propose une formation sur le "green IT". « Il s’agit d’apprendre à utiliser au mieux ses outils informatiques, mais aussi à développer une politique d’achat informatique qui aura le moins d’impact possible sur l’environnement », explique Marylise Tordjman.
Question temps de formation, l’heure est aux formations courtes, « d’une demi-journée à trois jours en moyenne », note Renaud Baudier, gérant au CNF-CE. Il reprend : « Les thématiques sont variées. Cela va du management environnemental à l’intégration d’une démarche développement durable au sein des directions des ressources humaines, en passant par la sensibilisation des salariés. »
Mais il ne suffit pas d’envoyer ses salariés en formation. Encore faut-il faire vivre la démarche dans l’entreprise. « Dans un monde idéal, l’entreprise forme ses salariés, puis ses managers, pour que ces derniers fassent appliquer au quotidien les gestes vus en formation », appuie Renaud Baudier.
Culture, image et rentabilité
- Au-delà d’une évidente démarche citoyenne, former ses salariés au développement durable présente de multiples intérêts. « C’est d’abord une question de culture, estime Renaud Baudier. Nous vivons dans l’ère de l’écologie, de la protection de la nature, du réchauffement climatique. » Pour lui, comme pour Marylise Tordjman, c’est aussi une question d’image pour l’entreprise. Une façon de répondre aux attentes de certains salariés en interne, mais également des clients en externe.
Sur ce point, Leroy Merlin a compris l’intérêt de la démarche et forme ses salariés sur le sujet. « En interne, les salariés sont sensibilisés par les managers. Ils suivent également un module de e-leanring où nous leur rappelons les gestes simples du quotidien : éteindre son postes de travail, signaler rapidement une fuite… Le co-voiturage fait également partie de nos projets », précise Hacène Demdoum, chef de projet formation chez Leroy Merlin. Une sensibilisation qui entre dans un programme de formation plus large, comprenant également le développement des connaissances produits, des connaissances techniques et de la vente de ces produits. Une façon d’allier développement durable et commercial.
Une question de priorités
- Mais toutes les entreprises n’ont pas encore intégré le potentiel – et la nécessité – du développement durable. Pour les uns, la crise est passée par là et a redistribué les priorités. Pour d’autres, « le sujet est avant tout un argument marketing », rappelle Marylise Tordjman. Elle ajoute : « Certains grands groupes ont plus investis dans la publicité autour de leur démarche durable que dans la démarche elle-même. »
Et les entreprises ne se bousculent toujours pas aux portes des organismes proposant ce type de formations. « L’an dernier, nous n’avons reçu qu’un seul cahier des charges sur le développement durable, de la part du Conseil général de Seine et Marne », atteste ainsi Renaud Baudier. L’homme regrette le manque de pédagogie auprès des entreprises de la part des médias. Marylise Tordjman conclut : « Les entreprises ne sont pas encore conscientes que si elles ne s’y prennent pas maintenant, le jour où la réglementation sera plus contraignante, ce sera difficile pour elles, car une démarche pérenne est longue à mettre en œuvre. »
Brice Ancelin

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