La formation… Affaire de vocabulaire aussi ? Par Michel Diaz

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Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde selon Albert Camus. Mais comment faire autrement quand les mots de la formation viennent parfois à manquer ?

"Digital Learning" : l'expression vient d'apparaître sur les radars du secteur de la formation, après blended, hybrid, rich, mobile, social, integrated… Tous venant qualifier le "learning".

Constat d'évidence : la formation parle dorénavant anglais. D'abord, parce que l'essentiel des innovations formation lancées ces dix dernières années - technologies, contenus, dispositifs, usages - viennent d'outre-Atlantique. Difficile de s'en attrister : affaire de marché, affaire de culture, une partie importante de l'énergie que les entreprises françaises consacrent à leur formation étant dissipée dans leur seule gestion administrative et réglementaire. Surtout, le mot "learning" est mal traduit par celui de formation : le premier met le salarié résolument au centre des activités de formation, quand le second continue de donner la primauté aux formateurs et aux contenus.


Mélangé, hybride, mobile

Alors : apprentissage ? Une traduction qui pourrait convenir si le mot ne souffrait souvent encore d'une connotation négative, contrairement à la perception qu'en ont, par exemple, nos voisins allemands. Apprentissages convient mieux ; il est au reste de plus en plus utilisé. Il traduit qu'il n'y a pas aujourd'hui une seule façon d'apprendre, mais une multitude au contraire, "matchant" l'infinitude des attentes et des profils d'apprentissage avec tous les médias de formation existants.

Autre constat : on ne manque pas d'adjectifs pour qualifier les apprentissages. Ils sont mélangés (formation mixte), hybrides (plus précis : composés d'éléments de nature différentes), mobiles ou sociaux (aux périmètres un peu courts), intégrés… Intéressant ce dernier qualificatif : volonté de donner à ces nouveaux dispositifs une cohérence d'ensemble, volonté de faire sens. Positif, aussi, car le contraire de désintégré (franchement désastreux) !


Des marques déposées

Rich learning ? Difficile à utiliser : c'est une marque déposée par CSP Formation. On est là au cœur du sujet qui nous ramène à Digital Learning : indépendamment du sens qu'elles peuvent avoir, ces façons de nommer constituent un enjeu marketing. Il s'agirait pour un fournisseur de préempter pour son produit, son offre, un nom qui puisse devenir une appellation générique (Frigidaire). Il s'agirait, par exemple, que Digital Learning soit à la fois une marque déposée - nom de domaine - et la façon de désigner tout nouveau dispositif de formation intégrant du numérique d'où qu'il vienne.

Un peu de vigilance, donc… Sans trop s'inquiéter : tout n'est pas déposable ! Et les risques de confusion guère plus élevés que ceux d'approcher le nouveau monde avec des mots anciens.



A propos de l’auteur :

 

Michel Diaz est Directeur associé de Féfaur (www.fefaur.com), premier cabinet d'études et de conseil e-learning indépendant sur le marché français et l'un des leaders européens, au sein duquel il conseille et accompagne les grandes entreprises et organisations dans leur stratégie et gouvernance e-learning et formation mixte. Conférencier recherché, il intervient et publie régulièrement en France et à l'étranger.

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