La formation continue à l’épreuve de la crise

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Le 8 octobre 2009, la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP) publiait une enquête intitulée "La formation continue face à la crise – Regards croisés France-Danemark". L’occasion de revenir sur les pratiques en matière de formation continue face à la crise.
- « Parallèlement à la réforme de la formation professionnelle mise en chantier par le gouvernement, on observe déjà des transformations au sein des entreprises. Former plutôt que licencier ; ne plus considérer la formation comme une dépense mais comme un investissement voire un atout concurrentiel ; favoriser la mobilité interne par le développement des compétences (…) » Voilà le premier constat opéré par Catherine Sergent, auteur de la dernière enquête menée par la CCIP auprès de 964 salariés français et 505 salariés danois.
Mais les salariés interrogés partagent-ils ce constat ? Quelles différences observe-t-on entre le Danemark, présenté comme référence en matière de formation continue, et la France ? En d’autres termes, les effets attendus de la formation continue en matière de flexiurité sont-ils atteints ? Et la crise change-t-elle fondamentalement les politiques de formation continue ? Autant de questions qui appellent des réponses nuancées.
Peu de formations diplômantes
- A priori, malgré la crise, les salariés français ne relèvent pas de grands changements dans les politiques de formation continue des entreprises. Seuls 15 % constatent l’existence de formations e-learning, 39 % observent l’existence de moyens pour mettre en œuvre des échanges de savoirs entre salariés (formation informelle) et plus de 70 % affirment ne pas avoir eu la possibilité de réaliser un bilan de compétences.
Autre constat : la formation diplômante est la grande absente des entreprises. 80 % d’entre elles n’en proposent pas ; plus pour des raisons de difficultés causées dans l’organisation du travail (absences répétées) que pour des raisons de coûts.
Ainsi, plus généralement, « moins d’un salarié sur 2 estime qu’il travaille dans une entreprise qui incite à la formation, appuie l’auteur. Même si] les grandes entreprises qui offrent plus d’opportunités à leurs salariés sont reconnues comme étant plus formatrices ».
Apprendre à gérer la crise
- Néanmoins, parmi le tiers de salariés amenés à suivre une formation, 21 % le seront « soit pour se réorienter vers des activités plus porteuses pour
leur] société, soit pour apprendre à gérer la crise », remarque Catherine Sergent. Certaines entreprises changent donc bien leurs habitudes de formation.
Ensuite, parmi les salariés dont l’entreprise propose ce type de formation, plus d’un tiers (36 %, et même 47 % chez les employés) constatent un accroissement du e-learning. Ce qui « répond à une stratégie de réduction des coûts », explique Catherine Sergent.
De même, l’étude constate que « pour 1 salarié sur 5, l’offre de formation a changé, plus souvent pour les ouvriers (28 %) que pour les cadres (12 %) et davantage dans les petites structures ».
Protection contre le licenciement
- Il semble donc que l’usage de la formation évolue, sensiblement. En revanche, l’évolution de la perception des salariés à l’égard de ces changements semble plus lente.
Pour les salariés danois, « la formation semble parée de toutes les vertus », note Catherine Sergent. Ils voient la formation comme un gain partagé entre le salarié et l’entreprise. Développement des compétences, enrichissement du CV et protection contre le licenciement en sont les principaux bénéfices perçus. « Maintenir l’activité afin de ne pas licencier, tel est l’objectif », résume l’auteur. En revanche, côté salariés français, « la formation est avant tout au bénéfice de l’entreprise », reprend l’auteur. Elle ne permet pas, pour près de la moitié des salariés, de changer plus facilement d’entreprise. Et « seuls 18 % estiment que la formation les protège du licenciement économique », ajoute Catherine Sergent.
Une question de culture
- L’enquête apporte un début d’explication à cette différence de perception. D’abord, les salariés français reçoivent des formations essentiellement courtes (moins de trois jours dans 67 % des cas), non certifiantes et non diplômantes.
Ensuite, au-delà de l’approche de la formation en elle-même, la question est peut-être plus d’ordre culturel. Par exemple, si pour 79 % des salariés français interrogés, suivre une formation pour exercer un nouveau métier représente une chance, il reste très difficile de parler de réorientation professionnelle dans l’entreprise. Pas moins de 75 % d’entre eux partagent ce sentiment, contre seulement 46 % de danois.
Surtout, l’auteur remarque que « le fait d’appartenir à une société qui incite à la formation contribue à en donner une vision positive ». En résumé, il faut former pour convaincre.
Brice Ancelin
Crédit photo : © Yuri Arcurs- - Fotolia.com



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