La formation du personnel non cadre en question

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Favoriser l’accès à la formation des personnels les moins diplômés est une des problématiques centrales de l’actuelle réforme de la formation professionnelle. Nous avons demandé à Maurice Thévenet, professeur au CNAM et à l'ESSEC, de nous décrypter les raisons qui expliquent ce décalage de traitement entre cadres et non cadres dans les plans de formation des entreprises. Pourquoi les cadres sont-ils les premiers à bénéficier des dispositifs de formation ? - J'y vois trois explications possibles. La première, c'est que dans les entreprises, les cadres sont ceux qui ont le plus de chances de voir leur travail et leurs responsabilités évoluer. D’où un besoin de formation plus important que pour les personnels non cadre. La seconde explication, c'est que les cadres occupent par définition les postes les plus élevés dans les organisations. Or, il y a dans la formation une incontestable dimension de récompense. Récompenses que les entreprises attribuent en priorité à leurs cadres... La dernière notion qui me paraît entrer en ligne de compte est celle de l'échange de pratiques. Pour se développer, les entreprises ont besoin de se comparer avec les autres. Envoyer un cadre en formation permet d’avoir cette confrontation des points de vue. A contrario, comment expliquez-vous la relative faiblesse des départs en formation chez les personnels non cadre ? - La principale raison, c'est que cette population ne voit dans la formation aucun élément de motivation. Au contraire, on observe très souvent chez elle une grande résistance à se former car elle interprète cette proposition de l’entreprise comme un retour à l'école ou comme un signe de défiance par rapport à la qualité de son travail, son niveau de performance... Il y a donc en direction de ces publics un vrai travail d’information et de sensibilisation à mener. « Le temps des programmes ambitieux permettant l'ascension sociale me semble révolu » Que gagnent les entreprises à former leurs collaborateurs non cadres ? - Le premier objectif naturel, c'est de pouvoir suivre ou anticiper les évolutions des métiers de l'entreprise. La formation doit également permettre les évolutions de carrière via des parcours professionnels. On a également vu ces dernières années se développer les formations qui aident à mieux comprendre ce qui se passe dans l'entreprise, tant sur le plan de ses métiers que de ses technologies. La formation doit-elle aussi être considérée comme un vecteur de promotion sociale pour les personnels non cadre ? - Elle reste effectivement l’un des moyens qui permet au personnel non cadre d'accéder à des postes d’encadrement, mais elle n'est généralement qu'une variable dans ce processus qui s'effectue aussi par le biais des parcours de carrière, de l’enchaînement des expériences au sein de l'entreprise… Le temps où les grandes entreprises développaient en ce sens des programmes très ambitieux et très organisés pour permettre l’ascension sociale de leurs collaborateurs non cadres me semble aujourd’hui révolu. Propos recueillis par Yves Rivoal


Lire aussi sur FormaGuide : - Comment améliorer l’employabilité des non-cadres ? L’exemple de Danone

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