La formation professionnelle encore sous exploitée ?

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A l’heure de la réforme de la formation professionnelle, Cegos publie les résultats d’une enquête intitulée "Les évolutions de la formation professionnelle en 2009". Regards croisés entre DRH et responsables formation d’une part et salariés d’autre part, cette enquête révèle les avancées, mais aussi les insuffisances en matière de formation professionnelle en entreprise.
- S’il est un consensus entre les salariés et leurs DRH et responsables formation, c’est l’importance que chacun accorde à la formation professionnelle. Mais le point de convergence s’arrête là. Selon la dernière enquête menée par Cegos auprès de 320 DRH et responsables formation et 801 salariés, chacun y voit une finalité différente.
Pour les professionnels de la formation, cette dernière vise d’abord à permettre d’adapter les salariés aux exigences de leur poste de travail, ainsi que d’anticiper les évolutions et de maintenir l’employabilité des salariés. Les principaux intéressés, de leur côté, abordent la formation selon une logique d’évolution professionnelle et salariale, avant de considérer l’adaptation aux évolutions du poste de travail.
De même, alors que les DRH et responsables formation s’attachent à développer les compétences transverses et les compétences métiers de demain, les salariés se posent plus dans l’instantanéité et misent sur les compétences métiers concernant leur poste actuel.
Une connaissance des dispositifs perfectible
- Côté dispositifs de formation, l’enquête révèle une connaissance, bien qu’en progression, encore limitée de ces derniers par les salariés et une utilisation inégale par les services formation.
Ainsi, seuls 33 % des salariés connaissent précisément le bilan de compétences, 29 % le Droit individuel à la formation (DIF), 25 % le plan de formation et la VAE et 22 % le congé individuel de formation. Une progression de 1 à 4 % depuis 2008 selon les dispositifs. Manque d’intérêt ou de pédagogie en interne, la marge de progression potentielle reste large.
A l’exception de l’entretien professionnel, relativement bien répandu, les autres dispositifs gagneraient à être plus développés : 78 % des salariés n’ont pas de passeport formation et le seul accompagnement significatif en matière de VAE de la part des entreprises réside dans la fourniture d’information. A peine un quart se met en lien avec l’organisme de validation ou accompagne l’élaboration du dossier.
En termes d’accès à la formation, plus de la moitié des salariés interrogés (52 %) déclarent ne pas avoir suivi de formation depuis 3 ans. Une absence de formation qui croît à mesure que le statut du salarié décroît.
Un Dif qui monte… lentement !
- Depuis déjà un certain temps, le Dif est annoncé comme "un dispositif montant" : organisation de sa portabilité, échéance des 120 heures… Et pourtant, si sa connaissance progresse auprès des salariés (49 % annoncent soit en connaître les grandes lignes, soit le connaître précisément), seuls 28 % d’entre eux connaissent leur crédit d’heures Dif et 74 % n’ont encore réalisé aucune formation au titre du Dif.
Les demandes acceptées jouent la règle du moitié/moitié : 43 % des DRH et responsables formation constatent une augmentation de celles-ci et 44 % une diminution. En revanche, 62 % continuent de penser que le nombre de demandes progressera en 2010. Parmi les promesses offertes par le Dif, figure également la montée en puissance des formations certifiantes ou diplômantes.
Mais pour l’heure, un peu plus d’un tiers (37 %) seulement des DRH et responsables formation considèrent le Dif comme harmonieusement intégré dans l’entreprise et seuls 28 % proposent un catalogue de formations dédié.
Maîtriser ses budgets
- Les effets de la crise se font ressentir sur l’approche de la formation. DRH et responsables formation reconnaissent une plus grande attention de la direction à la maîtrise du budget de formation et aux orientations de la formation.
Habituellement proche des 70 %, la stabilité des budgets formation chute à 32 %. Pas moins de 38 % des entreprises ont diminué ce budget, même si 30 % l’ont revu à la hausse, en particulier les PME de moins de 250 salariés et les secteurs du BTP et de la banque-assurances.
La fonction formation se veut également plus stratégique et entend développer son rôle de conseil vis-à-vis de l’encadrement. Parmi les leviers envisagés pour rendre la formation plus efficace l’implication des managers en amont et en aval de la formation et le renforcement de l’évaluation des effets de la formation figurent en tête. Un bon présage pour la qualité de la formation.
Brice Ancelin

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