Courant 2008, les formations proposées par différents corps militaires à destination des entreprises se multiplient. Il n'est pas question d'apprendre à faire la guerre, mais bien de développer ses talents de manager et de leadership, de gérer son stress ou encore de prendre des décisions en situation de crise. Un pont entre deux mondes parfois confrontés aux mêmes problématiques.
Branle-bas de combat dans l'univers de la formation professionnelle ! L'armée invite les DRH à envoyer leurs cadres gonfler ses rangs.
Ainsi, début 2008, l'ANDRH annonce l'ouverture d'une formation intitulée « risques et RH », en partenariat avec l'armée de terre. Une formation divisée en deux temps entre Montpellier et Paris. Début des hostilités prévu les 11 et 12 mars 2008.
De son côté, le Cours supérieur d'état-major (CSEM) de l'école militaire à Paris propose un ensemble de formations en milieu militaire autour de deux thèmes principaux : les méthodes de prise de décision et les connaissances et réflexions sur les conditions de l'engagement opérationnel.
Enfin, Défense conseil international (DCI), spécialiste du transfert de la culture et du savoir-faire militaire français à l'international, annonçait le 15 novembre 2007 le lancement de DCI campus entreprise, en partenariat avec la fondation Saint-Cyr. Une offre de formations autour du leadership, de la cohésion d'équipe, de la gestion du stress et de la prise de décision en situation de crise.
Trois formules qui ne sont « ni de l'accrobranche, ni une préparation militaire, pour reprendre les termes de Xavier de Zuchowicz, directeur général de défense conseil international, mais bien une formation basée sur l'échange. »
Terrain et retour d'expérience
Pour ce faire, chacun développe ses spécificités. DCI et le CSEM proposent d'alterner terrain et échanges en salle. Pour le premier, les stagiaires sont placés dans des situations où ils sont obligés de réagir. « Il s'agit de situations de léger déséquilibre, explique Xavier de Zuchowicz. Par exemple, un parcours au dessus de la mer ou une course d'orientation de nuit. » Ensuite, les échanges permettent d'étudier les réactions des stagiaires et un officier vient partager son expérience du terrain.
Le second propose un ordre inverse : d'abord un séminaire initial « pour échanger sur les méthodes de chacun », explique le lieutenant-colonel Alexandre et, ensuite, une mise en situation sur le terrain. En binôme avec un stagiaire de l'armée, le cadre participe à la réflexion et à certaines des actions menées.
La formule proposée par l'ANDRH est sensiblement différente. Les stagiaires sont composés de militaires, de DRH et de fonctionnaires. Une première session d'un jour et demi -en mars à Montpellier- fait intervenir par binômes des experts universitaires et militaires. La deuxième session -en mai à Paris- revient sur les travaux effectués en mars. Elle reprend quatre types de risques identifiés lors de la session précédente et propose d'apprendre à les gérer grâce à un outil d'aide à la décision.
Une formule qui plaît
« L'objectif est de faire converger ces deux univers qui ont chacun une légitimité dans la fonction RH », affirme Christophe Combi, assistant du directeur du personnel de l'armée de terre. Ce que confirme Xavier de Zuchowicz. Pour ce dernier, « le métier même des militaires est de se trouver en situation de crise. » Le lieutenant colonel Alexandre, du CSEM, reprend : « Nous avons des méthodes de management très particulières qui sont de vrais outils. Si l'on fait un effort d'adaptation de langage, les méthodes sont tout à fait transposables au civil. »
Et les différentes formules semblent plairent. Côté DCI, la méthode a déjà été éprouvée et plébiscitée par des groupes comme Doux, Caisse d'Epargne ou Bouygues. Ce qu'ils apprécient ? « L'aspect terrain ! », répond sans hésiter Xavier de Zuchowicz. Même son de cloche côté CSEM. La formule proposée a été expérimentée pour la première fois l'année dernière. « Et, face au succès rencontré, nous avons décidé de renouveler l'expérience », explique le lieutenant colonel Alexandre. Certaines entreprises ont même invité les militaires à venir s'immerger à leur tour dans l'univers civil.
Pour l'ANDRH, la formule est lancée cette année et évoluera en fonction des retours. Mais au vu du succès des deux autres, tout semble réuni pour que l'expérience soit concluante. Les DRH n'ont donc plus qu'à enfiler leur plus beau treillis pour tenter l'aventure.
Brice Ancelin Crédits photos : Iurii Konoval

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