Lancer une plateforme LMS corporate. Par Michel Diaz

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La mise en œuvre d'une plateforme LMS "corporate" constitue une épreuve de vérité pour le service formation… surtout quand l'entreprise utilise déjà plusieurs plateformes !

"La vie, c'est le truc qui passe pendant qu'on multiplie les projets…" (in memoriam John Lennon). Et parmi ces projets, par exemple celui de mettre en œuvre un LMS corporate…

Il fut un temps, dans les entreprises globales, où le service formation entretenait une relation paisible avec ses réseaux de correspondants internes. Au premier la responsabilité des orientations générales. Aux seconds celle d'une mise en musique dans les métiers et les régions, et le bénéfice d'une marge de manœuvre étendue : le siège avait mieux à faire que de chercher noise sur ces questions de détail, alors que les "locaux" avaient notamment, et continuent d'avoir, une connaissance infiniment supérieure des besoins du terrain et des prestataires susceptibles d'y répondre !

Ce temps s'achève sous nos yeux, et le e-learning y est pour beaucoup : sa "rentabilité" dépend en effet du nombre de salariés qu'il permet de toucher, le coût par apprenant chutant en raison inverse du nombre de ceux-ci - au moins dans une grande entreprise qui utilise du e-learning sur mesure et pour peu qu'un certain niveau de mutualisation soit atteint…

Transparence et coût

Rationalisation oblige : on ne s'étonnera pas des nombreux appels d'offres témoignant de l'appétit croissant des grandes entreprises pour les avantages du LMS unique. Avec des raisons légitimes. D'abord 8 ou 10 plateformes différentes, dispersées dans les métiers et régions doivent bien coûter plus cher en licence / abonnement ou en services (mises à jour, maintenance, etc.) qu'une plateforme unifiée. Ensuite, elles sont loin d'offrir toutes ensemble le niveau de transparence et les possibilités de pilotage de la stratégie et des coûts de formation requis par la situation. Sans même parler de l'articulation entre la formation et la gestion des talents.

Autre raison (exprimée à mi-voix) : le corporate doit s'emparer de cette question sauf à risquer de perdre le "lead" au profit d'une concurrence interne (ou externe) plus innovante et proche du business.

Une question de temps

Le temps joue malheureusement contre ce bel ordonnancement : il n'est pas rare d'observer des délais de 12 à 18 mois entre le début du projet et les premiers effets d'un déploiement restreint… Un délai difficile à réduire, compte tenu du processus choisi (un mode projet qui méconnaît l'approche Agile), de la diversité et de la fréquente inexpérience des parties prenantes, et d'une offre de plateforme dont le décryptage ne va pas de soi.

Un délai qui sape le projet, voire pousse parfois à son abandon pur et simple, car il est difficile de "vendre" l'optimisation des coûts et l'amélioration du pilotage aux clients internes… si l'on n'est pas en mesure de délivrer les contenus et les parcours de formation au rythme où les métiers et régions l'attendent… a fortiori quand les plateformes déjà installées localement donnent satisfaction à leurs utilisateurs, et qu'elles sont parfois loin de coûter aussi cher qu'on le croit, notamment quand elles sont un service offert par les agences de réalisation de contenus !

C'est un mérite de la question du LMS groupe : la mise en évidence des mouvements qui travaillent une fonction formation à la recherche d'une organisation capable de supporter ces nouveaux impératifs.


A propos de l’auteur :

Michel Diaz est Directeur associé de Féfaur (www.fefaur.com), premier cabinet d'études et de conseil e-learning indépendant sur le marché français et l'un des leaders européens, au sein duquel il conseille et accompagne les grandes entreprises et organisations dans leur stratégie et gouvernance e-learning et formation mixte. Conférencier recherché, il intervient et publie régulièrement en France et à l'étranger.

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