Le renouveau de la formation à distance

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Web 2.0 oblige, la formation à distance -ou e-learning- a pris un second souffle. Après une période difficile début 2000, la formule semble prendre ses marques et s'imposer de plus en plus dans la formation professionnelle. Résultat : des modalités de formation qui se diversifient au service d'objectifs de plus en plus ambitieux.
« Le e-learning s'est installé durablement dans les grandes entreprises comme l'un des leviers de formation. » Voilà ce que révèle une enquête menée par l'organisme de formation Cegos en juin 2007, auprès de 904 salariés travaillant dans les entreprises de plus de 1000 salariés.
Ainsi, selon cette même enquête, 37 % des personnes interrogées ont déjà suivi une formation de ce type, soit 5 % de plus qu'en 2006. Et 49 % de ces utilisateurs souhaitent voir la formule se développer dans les trois années à venir. Principaux bénéficiaires de ces formations, les cadres et les commerciaux, avec en tête le secteur des banques et des assurances (56 % de salariés formés par le e-learning). Les formations touchent des domaines aussi variés que les techniques liées aux métiers, aux produits ou aux services de l'entreprise (70 %), suivies de celles concernant l'informatique et la bureautique (27 %) et le management (26 %).
De son côté, le groupe X-PERTeam a également mené une étude auprès de 300 responsables formation de grandes entreprises. Pas moins de 76 % d'entre elles utilisent la e-formation. Les motivations devant ce mode de formation sont nombreuses. Pour les entreprises, il s'agit d'étendre les actions de formation, de responsabiliser l'apprenant et d'accélérer le développement de la formation en diminuant les coûts. Côté salarié, la qualité des contenus techniques, la qualité visuelle des modules et la facilité d'apprentissage représentent les principales sources de satisfaction. Et ce, en partie grâce au développement des technologies de l'apprentissage.
Gérer l'avant et l'après formation
Développement des intranets, des blogs, des wikis, des flux RSS, de la vidéo ou encore du son... autant d'outils ludiques pouvant servir la pédagogie. Sur l'intranet, l'apprenant peut consulter son programme de formation. Les forums, les tchats et les blogs peuvent permettre d'engager des échanges après la formation entre apprenants ou avec un tuteur pour approfondir certains points de la formation ou revenir sur d'éventuelles incompréhensions. La vidéo comme le son peuvent être utiles pour les formations en langues, mais pas uniquement. L'apprenant peut retrouver le contenu intégral d'une conférence pour revenir sur des notions encore floues ou oubliées. Ces technologies doivent donc développer la qualité et l'individualisation de la formation.
Surtout, au-delà de la simple formation e-learning, ce sont désormais les formations dites « mixtes » ou « blended » qui recueillent le plus de succès auprès des salariés. C'est-à-dire une partie de la formation à distance et une autre en présentiel. Dans ce contexte, le salarié prépare en amont la théorie et l'acquisition des savoirs pour consacrer le temps en présentiel à la pratique et aux échanges collectifs. Sur ce point, l'enquête de la Cegos révèle ainsi que la satisfaction pour les formations en ligne seules accuse même un certain recul (passant de 61 % en 2006 à 56 % en 2007), au profit des formations mixtes (de 68 % en 2005 à 70 % en 2007).
D'autre part, au-delà des modalités de mise en œuvre, c'est le but visé par ces formations qui a évolué. Le temps n'est plus à la simple formation en langue ou en bureautique, mais réellement à l'accompagnement de la stratégie de l'entreprise.
De nouveaux horizons
Ainsi, le livre blanc "Par l'exemple - Enjeux RH et nouvelles technologies d'apprentissage : dix entreprises témoignent", édité par CrossKnowledge début 2008, permet de mieux cerner l'ampleur et les applications possibles du e-learning aujourd'hui. Son auteur, Bruno Dufour, consultant en formation de dirigeants y précise « l'apport des programmes de formation à distance dans la conduite permanente du changement comme dans la réussite des virages stratégiques que les entreprises sont parfois amenées à prendre ».
La formation à distance se révèle ainsi un bon moyen d'assurer la continuité de la formation des managers en cas de fusion acquisition. Bruno Dufour explique : « Une fusion entre deux sociétés implique nécessairement de la part des directions des ressources humaines qu'elles mettent un frein sur les programmes de formation en cours au sein des deux entités convergentes. » Mais dans le cas de la fusion entre Sanofi et Aventis en 2005, la mise en place d'un programme de formation à distance a permis de déployer en six mois un dispositif opérationnel et pérenne avec, dès 2006, 35 pays associés au programme.
Dans le même ordre d'idées, l'auteur cite l'exemple du Crédit Agricole de Normandie : « Suite à la fusion au printemps 2006 de la caisse régionale normande et de celle du Calvados, 30 % des 1 400 salariés du réseau des agences ont été amenés à évoluer vers des métiers différents. » L'occasion pour la direction du groupe de développer la e-formation. Objectif visé à terme : faire bénéficier de la formation à distance l'ensemble des 2 300 collaborateurs.
Des perspectives ambitieuses
Les nouvelles technologies d'apprentissage permettent donc aujourd'hui d'accompagner le changement organisationnel, le déploiement stratégique et les changements de métiers que cela peut impliquer ou encore la gestion de la formation à l'international avec une harmonisation simplifiée des contenus et des messages au plan mondial.
Les instituts de formation l'ont bien compris et développent un nombre sans cesse croissant de formations. Par exemple, en mars 2008, le groupe Cegos proposait 80 modules e-learning. Et, surtout, il annonçait l'objectif ambitieux de 250 modules disponibles pour la fin de l'année 2008.
Un cas qui ne se veut pas isolé, puisque le groupe Demos, de son côté, annonce une croissance de 71 % de son activité e-learning entre 2006 et 2007. Et, après l'acquisition de MindOnSite (MOS), éditeur suisse de solutions e-learning, en janvier 2008, le groupe entend proposer pas moins de 300 solutions pour la fin de l'année 2008.
Une course à la production qui ne doit pas faire oublier l'essentiel : l'accompagnement des entreprises dans l'intégration et la mise en œuvre de ces technologies.
Brice Ancelin
Crédit photo © Aloysius Patrimonio


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