Le tutorat pour lutter contre la fuite de compétences

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Le tutorat, forme moderne du compagnonnage, se développe de plus en plus dans les entreprises sur deux credo : la transmission des compétences et la redynamisation des seniors. Décryptage avec Florence Hunot, co-dirigeante de Performances, Hommes & Projets. Qu'est-ce qui pousse les entreprises à investir dans le tutorat ? - Avec les départs en retraite massifs qui se profilent dans les cinq années à venir, les entreprises se trouvent confrontées à un vrai risque de perte de compétences. Elles ont donc tout intérêt à ce que les seniors transmettent leur savoir avant de les quitter, notamment sur des compétences critiques et rares. On peut également mettre en avant une autre motivation qui relève de la valorisation des seniors. En France, les DRH ne savent pas toujours comment motiver ces salariés qui ne progresseront plus sur le plan hiérarchique. Le fait de leur confier une mission de tutorat revient aussi à les redynamiser. Comment fonctionne le tutorat en entreprise ? - Dans sa forme traditionnelle, il s'agit d'un concept simple et vieux comme le monde : le compagnonnage ne datant pas d'hier. Le tutorat est aujourd'hui valorisé et parfois rémunéré. Il existe également des formations qui préparent les futurs tuteurs-pédagogues au partage de compétences et qui donnent lieu à une certification. Le tutorat croisé reste un modèle plus rare. Je le trouve pourtant plus intéressant dans un contexte où les écarts d'âges se creusent dans les entreprises. Dans ce dispositif, le partage des compétences s'effectue en effet dans les deux sens. Cela crée une forme de complicité inter générationnelle, un peu sur le mode petit-fils / grand-père qui se révèle plus efficace que la relation père / fils qui caractérise le tutorat traditionnel. Les nouvelles générations ont en effet un tas de choses à transmettre, notamment en matière de nouvelles technologies. Là encore, le senior est redynamisé, mais il monte aussi en compétences et maintient son employabilité.

Quels sont les secteurs d'activités qui se prêtent le mieux au tutorat ? - Il s'adapte particulièrement bien aux métiers techniques. La transmission se révèle beaucoup plus complexe à réaliser lorsque l'on évolue sur le savoir-être, or cette dimension fait la différence dans beaucoup de métiers aujourd’hui. C'est la raison pour laquelle les entreprises ont souvent recours à des formateurs ou à des accompagnateurs externes pour la travailler. Que peut faire l'entreprise pour que le feeling passe entre le tuteur et le tutoré ? - Il faut d'abord choisir les bons tuteurs, en repérant les collaborateurs qui ont cette aptitude et cette envie de transmettre. La rémunération et la formation peuvent être des facteurs qui vont favoriser la motivation. Les personnes tutorées sont quant à elles généralement demandeuses car elles sont soit nouvelles dans la société, soit en prise de poste. L'entreprise doit ensuite accompagner le process. Les deux parties n'ayant pas de lien hiérarchique entre elles, ce sont leurs managers respectifs qui vont superviser leur relation et intervenir en cas de problème. Le tutorat doit en outre s’accompagner d’un travail de formalisation nécessaire au passage d'une culture de l'oral à celle de l'écrit. Il est en effet important que les collaborateurs qui détiennent une compétence spécifique la couchent par écrit afin qu'elle soit capitalisée, puis partagée. Yves Rivoal


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