Les formations initiale et continue vont s'homogénéiser
Un entretien avec George Asseraf, président de la CNCP (Commission nationale de la certification professionnelle) et président du Comité d'orientation du groupe Prospective des Métiers et des Qualifications, au sein du Centre d'Analyse Stratégique.
Pouvez-vous nous présenter dans un premier temps le rôle de la CNCP ?
La Commission a été créée en 2002 avec la loi de modernisation sociale qui a instauré la VAE (Validation des Acquis de l'Expérience). Placée alors auprès du Premier ministre, elle est rattachée aujourd'hui au ministre de l'Emploi tout en ayant conservé son caractère interministériel et partenarial (les partenaires sociaux y sont membres par exemple). Tous les coûts engagés dans le processus de VAE (notamment ceux qui sont liés à l'accompagnement) pouvaient être éligibles au financement par les fonds de la formation professionnelle à condition que la certification visée soit enregistrée au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles). Ce répertoire, élaboré par la CNCP, enregistre des certifications « de droit » qui concernent les diplômes habilités des universités ou créés par les ministères certificateurs dont l'élaboration est passée par les CPC (Commissions professionnelles consultatives) rattachées aux différents ministères, ceux des écoles d'ingénieurs et Grandes Ecoles « visés » (commission des titres d'ingénieurs et commission Helfer). Les certifications sur « demande » proviennent des organismes publics, des ministères qui n'ont pas de CPC, des organismes mixtes, des organismes privés ou encore des partenaires sociaux.
Pour ces certifications sur « demande », notre rôle est par conséquent d'émettre un avis à la suite d'une procédure d'évaluation, avis dont le ministre se saisira pour décider ou non de l'enregistrement au RNCP, ce qui vaudra reconnaissance nationale pour le niveau de qualification retenu.
Comment faîtes-vous pour évaluer un titre ou un diplôme au vu de ces débouchés sur le marché de l'emploi ?
Dans cette procédure sur « demande », nous étudions tout d'abord l'opportunité de créer cette certification par rapport aux besoins du marché du travail. Puis nous regardons si la pertinence du niveau de qualification demandé est en rapport avec l'insertion professionnelle des trois dernières promotions. Nous cherchons ainsi à vérifier que la certification répond bien à une logique de finalité professionnelle.
Nous nous penchons ensuite sur l'ingénierie de certification, c'est à dire la manière dont est construite la certification car celle-ci doit pouvoir rendre opératoire la mise en œuvre de la VAE, ce dont nous devons nous assurer. Nous examinons par exemple la cohérence entre les activités ciblées par la certification et les compétences professionnelles qui doivent en découler, puis la cohérence de ce qui sera certifié, c'est-à-dire validé, avec la maîtrise professionnelle visée.
Nous nous situons dans une logique métier et/ou activités, d'écriture professionnelle des diplômes comme dans la démarche engagée depuis longtemps par l'enseignement professionnel ou technologique.
Au fond, grâce à cette démarche d'évaluation a posteriori, il s'agit de mettre l'accent sur la finalité d'une certification professionnelle, ce à quoi elle doit aboutir en terme de résultats d'apprentissage, de finalités et d'usage sur le marché du travail. Bien évidemment, nous savons qu'il n'y a pas d'automaticité entre diplôme et emploi mais les diplômes ne doivent plus se situer dans une logique pure d'acquisition de connaissances. La certification professionnelle constitue un lien, un chaînon, entre la formation et le monde du travail.
Comment à l'heure actuelle s'opère la mutation en termes de formation professionnelle ?
On pourrait examiner cette question sous deux angles. Le premier concerne la manière dont chacun peut appréhender sa certification dans la hiérarchie des emplois auxquels il peut ou souhaite prétendre. Jusqu'à présent, les certifications étaient classées selon deux nomenclatures de niveaux.
L'une, datant de 1967, met en avant une hiérarchie de niveaux fondée sur des durées de formation. L'autre, datant de 1969, propose des niveaux n'impliquant pas nécessairement la possession d'un diplôme.
Nous travaillons à l'heure actuelle sur une nouvelle nomenclature qui pourrait davantage trouver un ancrage du côté du marché du travail car le diplôme qui représente une acquisition de connaissances et d'expérience dans un domaine d'expertise, doit aussi trouver une dimension professionnelle repérable par le monde de l'entreprise. Actuellement, un groupe technique, composé d'une vingtaine de personnes, travaille à l'élaboration de cette nouvelle nomenclature.
Le second angle que l'on peut envisager pour répondre à votre question concerne la manière dont le RNCP présente au grand public national et/ou international l'offre de certification. S'agissant des universités, leurs certifications présentes « de droit » dans le répertoire donnent lieu à l'élaboration de fiches répertoire. C'est-à-dire qu'elles doivent présenter leur diplômes sous l'angle de leurs finalités professionnelles et sous celui des compétences acquises à l'issue des apprentissages. Précisons que ce cadre de présentation a été arrêté collectivement sur la base d'un document standard européen, le supplément au certificat (SC), assez proche de l'annexe descriptive au diplôme dont le contenu représente 80% du SC. En pleine mutation depuis la réforme LMD (licence-master-doctorat) qui les inscrivent dans la dynamique européenne, les universités doivent fournir ces annexes descriptive aux diplômes à tous les étudiants qui le réclament. Il va sans dire qu'il s'agit là d'une nouvelle démarche qui met en avant les grandes compétences acquises dans le cadre d'un parcours de formation et la finalité professionnelle du diplôme sur le marché du travail, ce qui est sans doute de nature à modifier les comportements des différents acteurs impliqués.
Cela veut-il dire que la formation initiale et continue s'uniformisent et favorisent d'autant la formation professionnelle tout au long de la vie ?
On change à l'heure actuelle de paradigme. Nous sommes en pleine évolution pour ne pas dire révolution. Logiquement, on devrait arriver à des certifications équivalentes. Il s'agit d'un puzzle et à force d'ajouter des pièces on constitue peu à peu des formations homogènes. Les passerelles entre les deux univers deviendront possibles. Les diplômes se construisent aujourd'hui sous l'angle de la certification professionnelle.
Au-delà de l'établissement d'une nouvelle nomenclature, quels vont être les autres grands chantiers de la CNCP ?
Le ministre nous a chargé d'établir un inventaire des autres certifications, a l'instar de celles qui relèvent de réglementations liées par exemple à la sécurité, ou de branches professionnelles ou encore de spécifications d'entreprises.
Nous pilotons aussi un projet pilote européen relatif aux modalités et aux conditions de mise en œuvre d'un cadre européen des certifications en partenariat avec l'AFDET (Association française pour le développement de l'enseignement technologique) et d'autres ministères français.
Propos recueillis par Christel Lambolez
La Commission a été créée en 2002 avec la loi de modernisation sociale qui a instauré la VAE (Validation des Acquis de l'Expérience). Placée alors auprès du Premier ministre, elle est rattachée aujourd'hui au ministre de l'Emploi tout en ayant conservé son caractère interministériel et partenarial (les partenaires sociaux y sont membres par exemple). Tous les coûts engagés dans le processus de VAE (notamment ceux qui sont liés à l'accompagnement) pouvaient être éligibles au financement par les fonds de la formation professionnelle à condition que la certification visée soit enregistrée au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles). Ce répertoire, élaboré par la CNCP, enregistre des certifications « de droit » qui concernent les diplômes habilités des universités ou créés par les ministères certificateurs dont l'élaboration est passée par les CPC (Commissions professionnelles consultatives) rattachées aux différents ministères, ceux des écoles d'ingénieurs et Grandes Ecoles « visés » (commission des titres d'ingénieurs et commission Helfer). Les certifications sur « demande » proviennent des organismes publics, des ministères qui n'ont pas de CPC, des organismes mixtes, des organismes privés ou encore des partenaires sociaux.
Pour ces certifications sur « demande », notre rôle est par conséquent d'émettre un avis à la suite d'une procédure d'évaluation, avis dont le ministre se saisira pour décider ou non de l'enregistrement au RNCP, ce qui vaudra reconnaissance nationale pour le niveau de qualification retenu.
Comment faîtes-vous pour évaluer un titre ou un diplôme au vu de ces débouchés sur le marché de l'emploi ?
Dans cette procédure sur « demande », nous étudions tout d'abord l'opportunité de créer cette certification par rapport aux besoins du marché du travail. Puis nous regardons si la pertinence du niveau de qualification demandé est en rapport avec l'insertion professionnelle des trois dernières promotions. Nous cherchons ainsi à vérifier que la certification répond bien à une logique de finalité professionnelle.
Nous nous penchons ensuite sur l'ingénierie de certification, c'est à dire la manière dont est construite la certification car celle-ci doit pouvoir rendre opératoire la mise en œuvre de la VAE, ce dont nous devons nous assurer. Nous examinons par exemple la cohérence entre les activités ciblées par la certification et les compétences professionnelles qui doivent en découler, puis la cohérence de ce qui sera certifié, c'est-à-dire validé, avec la maîtrise professionnelle visée.
Nous nous situons dans une logique métier et/ou activités, d'écriture professionnelle des diplômes comme dans la démarche engagée depuis longtemps par l'enseignement professionnel ou technologique.
Au fond, grâce à cette démarche d'évaluation a posteriori, il s'agit de mettre l'accent sur la finalité d'une certification professionnelle, ce à quoi elle doit aboutir en terme de résultats d'apprentissage, de finalités et d'usage sur le marché du travail. Bien évidemment, nous savons qu'il n'y a pas d'automaticité entre diplôme et emploi mais les diplômes ne doivent plus se situer dans une logique pure d'acquisition de connaissances. La certification professionnelle constitue un lien, un chaînon, entre la formation et le monde du travail.
Comment à l'heure actuelle s'opère la mutation en termes de formation professionnelle ?
On pourrait examiner cette question sous deux angles. Le premier concerne la manière dont chacun peut appréhender sa certification dans la hiérarchie des emplois auxquels il peut ou souhaite prétendre. Jusqu'à présent, les certifications étaient classées selon deux nomenclatures de niveaux.
L'une, datant de 1967, met en avant une hiérarchie de niveaux fondée sur des durées de formation. L'autre, datant de 1969, propose des niveaux n'impliquant pas nécessairement la possession d'un diplôme.
Nous travaillons à l'heure actuelle sur une nouvelle nomenclature qui pourrait davantage trouver un ancrage du côté du marché du travail car le diplôme qui représente une acquisition de connaissances et d'expérience dans un domaine d'expertise, doit aussi trouver une dimension professionnelle repérable par le monde de l'entreprise. Actuellement, un groupe technique, composé d'une vingtaine de personnes, travaille à l'élaboration de cette nouvelle nomenclature.
Le second angle que l'on peut envisager pour répondre à votre question concerne la manière dont le RNCP présente au grand public national et/ou international l'offre de certification. S'agissant des universités, leurs certifications présentes « de droit » dans le répertoire donnent lieu à l'élaboration de fiches répertoire. C'est-à-dire qu'elles doivent présenter leur diplômes sous l'angle de leurs finalités professionnelles et sous celui des compétences acquises à l'issue des apprentissages. Précisons que ce cadre de présentation a été arrêté collectivement sur la base d'un document standard européen, le supplément au certificat (SC), assez proche de l'annexe descriptive au diplôme dont le contenu représente 80% du SC. En pleine mutation depuis la réforme LMD (licence-master-doctorat) qui les inscrivent dans la dynamique européenne, les universités doivent fournir ces annexes descriptive aux diplômes à tous les étudiants qui le réclament. Il va sans dire qu'il s'agit là d'une nouvelle démarche qui met en avant les grandes compétences acquises dans le cadre d'un parcours de formation et la finalité professionnelle du diplôme sur le marché du travail, ce qui est sans doute de nature à modifier les comportements des différents acteurs impliqués.
Cela veut-il dire que la formation initiale et continue s'uniformisent et favorisent d'autant la formation professionnelle tout au long de la vie ?
On change à l'heure actuelle de paradigme. Nous sommes en pleine évolution pour ne pas dire révolution. Logiquement, on devrait arriver à des certifications équivalentes. Il s'agit d'un puzzle et à force d'ajouter des pièces on constitue peu à peu des formations homogènes. Les passerelles entre les deux univers deviendront possibles. Les diplômes se construisent aujourd'hui sous l'angle de la certification professionnelle.
Au-delà de l'établissement d'une nouvelle nomenclature, quels vont être les autres grands chantiers de la CNCP ?
Le ministre nous a chargé d'établir un inventaire des autres certifications, a l'instar de celles qui relèvent de réglementations liées par exemple à la sécurité, ou de branches professionnelles ou encore de spécifications d'entreprises.
Nous pilotons aussi un projet pilote européen relatif aux modalités et aux conditions de mise en œuvre d'un cadre européen des certifications en partenariat avec l'AFDET (Association française pour le développement de l'enseignement technologique) et d'autres ministères français.
Propos recueillis par Christel Lambolez
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