Les organismes de formation face à la commande Pôle emploi

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Dans son édition de février 2012, la dernière brève du Céreq revient sur la politique d’achat de formation de l’institution publique pour les demandeurs d’emploi. Une politique qui entraine une standardisation des formations.

« Pôle emploi a succédé aux Assedic pour la formation des demandeurs d’emploi, en généralisant leurs besoins à l’échelle de la région », commencent les auteurs du Céreq. Là où les Assedic limitaient leurs achats aux organismes de leur bassin d’emploi. Les auteurs précisent : « Les commandes sont lancées à l’échelle de la région auprès d’organismes présélectionnés sur leur capacité à répondre à cette échelle. » Conséquence directe de cette approche, selon une étude menée auprès d’organismes de la région Provence – Alpes – Côte d’Azur, les organismes proposent des formations plus standardisées qui peuvent parfois répondre avec moins de pertinence aux spécificités locales.  Un organisme de formation témoigne auprès du Céreq : « Ils ont beaucoup de mal à la direction régionale de Pôle emploi à élargir la demande sur l’ensemble du territoire. L’agence locale, même si elle est entrée dans le detail, c’est-à-dire le nombre d’heures qu’elle souhaitait pour faire telle ou telle formation, la même formation devant être appelée sur mettons quinze territoires, si chaque territoire avait une demande spécifique, elle n’a pas pu être identifiée comme spécifique. Au final, il n’y a eu qu’une demande, et une demande standard. »

Regroupement des organismes de formation

Une politique d’achat de formation qui impose aux organismes de se regrouper pour atteindre une capacité de couverture régionale. Des regroupements, selon les auteurs du Céreq, qui se font selon des « proximités culturelles et organisationnelles (secteurs institutionnels, réseaux d’appartenance, etc.) », mais aussi au regard de la couverture complète des niveaux de certification ou des spécialités d’un domaine attendus par Pôle emploi ou encore pour l’accès à des équipements qui doivent recevoir l’agrément préfectoral. Les auteurs ajoutent : « Les très petits organismes, isolés, ou disposant de quelques spécialités phares comme les ateliers pédagogiques personnalisés, peuvent considérer le regroupement comme une opportunité de visibilité et d’évolution à une échelle qui leur était inaccessible. » Mais ces regroupement impliquent aussi un certain nombre de situations très inconfortables.

Manque de visibilité et de temps

Les organismes de formation concernés font état d’un manque de visibilité sur les besoins spécifiques des appels d’offres de formation émis par Pôle emploi. Un autre organisme témoigne auprès du Céreq : « La remontée des besoins nous ne la connaissons pas. Le problème c’est de connaître réellement les moyens demandés pour chacune des zones, chacune des villes, afin de déployer le plus intelligemment possible nos ressources humaines et  matérielles. » Un manque de visibilité auquel s’ajoutent des temporalités très courtes de réponse aux appels d’offres (une quinzaine de jours). Conséquence, les réponses sont parfois basées sur un certain nombre d’hypothèses quant à la capacité de délivrer par la suite. Des hypothèses qui se vérifient par la suite, ou non… Le Céreq relève trois écueils à la  régionalisation des demandes de formation : le coût pour les organismes de formation, le risque d’omission des demandes spécifiques et le risque d’obsolescence rapide des besoins locaux. Autant de constats qui amènent le Céreq – avis du Conseil économique social et envi­ronnemental (CESE) à l’appui - à conclure à un nécessaire assouplissement des règles imposées par Pôle emploi.

 

Brice Ancelin

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