Peut-on revenir aux fondamentaux de la formation ? Par Stéphane Diebold

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L’entreprise est à la recherche de référents solides. Et quelle plus grande garantie de solidité que de se retourner vers les fameux fondamentaux, qui ne sont souvent pas loin du fameux : « C’était mieux avant » ? Mais cette problématique peut aller au-delà, si on la prend par un bout non usuel.
- Pour découvrir les fondamentaux de la pédagogie, encore faut il définir ce que l’on appelle un pédagogue. Philippe Mérieu, agitateur de pédagogie, nous propose une définition qui désacralise la fonction. Il faut avoir 3 compétences : la première, mobiliser les élèves, ce que d’aucuns appellent l’appétence pédagogique. Faire en sorte que les individus aient envie de s’engager dans la formation. On sait qu’un individu motivé apprend beaucoup plus vite qu’un individu qui ne l’est pas. Les théoriciens de la motivation viennent compléter ceux de la pédagogie qui recouvrent notre deuxième compétence. Le pédagogue doit savoir structurer les savoirs, le cœur historique de la pédagogie. Organiser ce qui va être découvert, structurer les étapes de la mémorisation avec le fameux process pédagogique. Et enfin, troisième compétence, accompagner le parcours d’apprentissage de chacun avec une posture qui respecte le temps et le mode d’apprentissage personnel. L’ensemble de ces 3 étapes représente la pédagogie mise en œuvre en entreprises, avec des mixtes plus ou moins structurées suivant les choix et la maturité de chaque entreprise.
La fondation et le fondement
- Parler de fondamentaux peut revenir à fantasmer le savoir sur une relation maître-élève - le formateur en entreprise - qui sait, diffuse son savoir à l’ensemble des apprenants. C’est souvent la posture utilisée en convention, mais dont l’inefficacité a déjà été prouvée. Il s’agit donc de reprendre le triptyque de l’apprentissage, pour définir une stratégie qui fera l’entreprise apprenante. Ce sont là les fondamentaux de l’apprentissage avec une remarque : le terme « fondé » recouvre deux origines étymologiques : la fondation et le fondement.
Pour illustrer la différence entre les 2 termes, nous allons utiliser la pédagogie de la métaphore. Prenons l’exemple de la construction d’une maison. Pour construire une maison, nous avons besoin des fondations pour que la maison tienne, mais aussi d’un projet qui sera la raison d’être de la maison, le fondement. Une maison des jeunes dans un cabanon, sans terrain, réduit l’intérêt de la construction même si les fondations sont solides. Or, quand on parle des fondamentaux de la formation on parle trop souvent des soubassement techniques des fondations, et pas assez des fondements, le fameux « pour quoi faire ? ». Il n’est d’ailleurs pas étonnant de ne pas choisir les fondements ; dans un monde qui a de moins en moins de visibilité, il s’agit en fait de s’enfermer sur la technique pédagogique pour éviter le problème du sens. Pour les dogmatiques de la pédagogie, il s’agit de s’enfermer dans un univers de plus en plus modélisé, mais dont le modèle a de moins en moins d’utilité. Pour ne pas arriver à la mort d’un savoir, il faut le remettre en société avec, par exemple, le triptyque de Mérieu. Mais il faut surtout l’intégrer dans la stratégie des entreprises. Créer un module de formation sur la vente relationnelle, quelle que soit la qualité de la rencontre formative, nécessite de savoir quel type de relation l’entreprise veut construire, quel type de relation l’individu veut construire et comment les deux ambitions se rencontrent. Et dans un monde de la performance, comment réussir un volume de ventes prédéterminé avec toutes les épreuves que l’on rencontre dans la mise en œuvre opérationnelle.
- Parler des fondamentaux de la formation revient à construire un parcours qui associe l’outil et le sens. C’est aujourd’hui la clé des apprentissages contemporains, pour qu’apprendre rime avec réussir pour soi et pour l’entreprise.



A propos de l’auteur : Stéphane Diebold est un spécialiste de la formation et du management, avec 15 ans d’expériences dans la direction de la formation initiale (écoles supérieures de commerce) et la formation continue (Midas France, Groupe Galerie Lafayette). Il a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, en France et à l’étranger, au sein de l’Institut Avicenne dont il est le fondateur.
Collaboratif, il s’est investi dans le monde associatif avec différentes fonctions, dont la vice-présidence du GARF (Groupement des Acteurs et des Responsables de Formation), d’ETDF (European Training and Development Federation), la Team Factory ou Délégué Général du Comité mondial de la formation tout au long de la vie. Il est également créateur de Temna (http://www.temna.fr).



Du même auteur, publié sur FormaGuide : - Information et formation, une relation en devenir. Par Stéphane Diebold - Qu’est ce que la réalité augmentée peut apporter à la formation ? Par Stéphane Diebold - Que peuvent nous apprendre les sites de rencontres sur la formation ? Par Stéphane Diebold - Le formateur doit-il être un « show man » ? Par Stéphane Diebold - La formation peut-elle être « éthique » ? Par Stéphane Diebold - L’individu doit-il vraiment devenir acteur de sa formation ? - La pédagogie est de retour. Par Stéphane Diebold - Les temps changent, la formation évolue. Par Stéphane Diebold - « Un nouvel outil au service du responsable de formation : le marketing formation ». Par Stéphane Diebold - La formation en management a-t-elle encore un sens ? Par Stéphane Diebold

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