Quelle formation pour les salariés handicapés ?

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« Un salarié handicapé a exactement les mêmes droits à la formation qu'un salarié valide, lance en préambule Annick Montfort, directeur territorial Nord-Ouest de l'Agefiph*. Il peut donc bénéficier du plan de formation de l'entreprise, et de tous les outils : bilans de compétences, DIF, VAE, période de professionnalisation... Plus de 50% des accords de branche prévoient en outre des dispositions particulières pour lui faciliter l'accès à la formation. Le salarié handicapé est ainsi désigné comme public prioritaire dans les périodes de professionnalisation et pour les bilans de compétences ». Prioritaires ? Oui, mais... Voilà pour le principe. Dans la réalité, le nombre de priorités listées dans les accords, sans hiérarchisation, relativise la portée des dispositions affichées. Et la problématique des salariés handicapés rejoint celle des salariés valides : ceux qui ont le plus besoin de formation sont ceux qui en bénéficient le moins. « Souvent peu qualifiés, les salariés handicapés ne se posent pas la question de leur évolution professionnelle, constate Annick Montfort. Ils ont donc moins d'appétence pour la formation et reçoivent en retour moins de propositions des employeurs. Par ailleurs, beaucoup sont embauchés dans des entreprises de petite taille, où l'on sait que les salariés dans leur ensemble disent n'être ni suffisamment informés, ni accompagnés dans l'élaboration de leur parcours professionnel ». Des propositions de diagnostic en cours d'expérimentation Pourtant, l'argument traditionnel des employeurs pointant la nécessité d'adapter les formations est aujourd'hui levé. L'Agefiph peut en effet la prendre intégralement en charge. Mais ce type d'intervention reste rare. L'association soutient plus souvent les salariés handicapés menacés dans leur poste de travail en raison de leur handicap. « Nous accompagnons dans un premier temps l'employeur et le collaborateur dans la recherche d'une solution, précise Annick Montfort. Et lorsque l'aménagement de la situation de travail ne peut être envisagé, on travaille sur une mobilité professionnelle interne, qui peut nécessiter une formation. Dans ces cas-là, nous complétons le financement ». L'association soutient aussi ponctuellement des projets d'évolutions professionnelles qui vont dans le sens de la pérennisation de l'emploi du salarié handicapé. Une question qui se posera avec de plus en plus d'acuité dans les années à venir. « Plus de 60% des salariés handicapés du privé a aujourd'hui 45 ans et plus, note Annick Montfort. Nous expérimentons donc depuis le début de l'année une proposition de diagnostic qui s'adresse à l'employeur, mais aussi à son collaborateur. Il s'agit, avec l'appui d'un expert, de prendre en compte tous les aspects essentiels de la situation : compétences, évolutions prévisibles de l'emploi occupé ou de l'organisation de l'entreprise, souhaits du salarié... Nous essayons aussi d'anticiper l'évolution du handicap. 750 diagnostics devraient ainsi être réalisés avant la fin de l'année, avec préconisations d'actions à mettre en œuvre et proposition d'un accompagnement» conclut Annick Montfort. Yves Rivoal * Issue de la loi du 10 juillet 1987, l'Association de Gestion du Fonds pour l'Insertion des Personnes Handicapées (Agefiph) est un fond de développement qui a pour mission de favoriser l'insertion professionnelle des personnes handicapées. En 2007, l'association a contribué à hauteur de 132 millions d'euros à la formation de 71 000 personnes, dont 4 600 salariés entrés en formation professionnalisante ou qualifiante. Une somme qui comprend également le financement de primes et aides à 1 800 contrats d'apprentissage et 1 450 contrats de professionnalisation.


Lire aussi sur FormaGuide : - La formation au service du handicap

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