Pingdom propose comme chaque année de quantifier l’Internet. Les chiffres sont là, il y a bien infobésité. En 2012, il existait 144 milliards d’e-mails produits dans le monde entier… par jour. Quand on relativise au nombre d’habitants, cela demeure impressionnant. L’information est partout et de plus en plus présente, mais la quantité ne fait pas la qualité. Sur l’ensemble de ces e-mails, 61 % sont considérés comme non essentiels. Et quand on met en parallèle ce chiffre avec le fait que près de 70 % du trafic e-mails sont des spam, il y a effectivement de plus en plus d’information, mais pas forcément de l’info utile... C’est la fameuse infobésité. S’agit-il d’un phénomène ponctuel ou d’une tendance lourde ? Internet a 2,4 milliards utilisateurs à travers le monde. Sur une population de 7 milliards, le marché a encore un sacré potentiel. Alors que pour le mobile, il y a déjà 6,7 milliards d’utilisateurs, presque autant que la population, sauf à supposer l’usage de plusieurs mobiles par personnes. Le marché se renouvelle par le renouvellement des appareils, et là l’avenir est au Smartphones qui ne connaissent que 1,3 milliards d’utilisateurs (sur les 6,7 milliards). On le sait, les Smartphones véhiculent encore d’avantage d’information. L’infobésité n’en est qu’à ces débuts…

Des médiateurs et des traducteurs

S’interroger sur l’infobésité et ses conséquences sur la formation n’est pas anxiogène, mais vise à mettre en lumière des opportunités nouvelles grâce à cette nouvelle situation. En quoi l’infobésité est une chance pour la formation ? Car trop d’information nécessite d’avoir des médiateurs, des traducteurs pour hiérarchiser la somme trop importante de l’information disponible, en un mot un expert. L’organisation a besoin d’un cartographe des savoirs pour permettre à l’apprenant de se conduire dans le labyrinthe des connaissances. Le trop plein d’informations appelle le formateur qui non seulement a creusé l’expertise, mais en plus l’organise pour permettre plus facilement sa transmission et son appréhension par celui qui désire apprendre. La formation retrouve une légitimité.

Un savoir mobilisable in live

Le trop-plein d’informations nécessite la création de cristallisation ouverte avec de nouveaux modèles apprenant, un savoir liquide et modulable de façon à être facilement mobilisable autour de problématiques au moment où elle se présente à celui qui a besoin. Il ne s’agit plus tant de réfléchir sur un savoir qui serait transmis ex nihilo sur une situation apprenante, que de penser un savoir mobilisable in live. Un changement de paradigme de la formation qui nécessite de réécrire une nouvelle grammaire formative, une pédagogie qui nécessite de repenser toute l’architecture de la connaissance, un travail qui va nécessiter une somme d’informations impressionnante… Comme quoi l’infobésité de la formation front office nécessite une infobésité de la formation back office ; rien n’est simple…

A propos de l’auteur :

Stéphane Diébold a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA (www.temna.fr) dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, aujourd’hui président du GARF (Groupement des acteurs et responsables formation) et vice-président de l’ETDF (European traning and development federation – Fédération européenne pour la formation et le développement).

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