Université d’entreprise, nouvel eldorado ? Par Stéphane Diébold

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Le nombre des universités d’entreprise ne cesse de croître, s’agit-il d’une mode ou d’un phénomène plus structurant ?

De quoi parle-t-on ? L’université d’entreprise est un oxymore, c'est-à-dire un terme qui porte en lui son contraire : comme son nom l’indique l’université est universel, un ensemble, une totalité, un tout alors que l’entreprise est liée à une spécificité, celle du projet… Le tout et le spécifique dans une même idée. S’agit-il alors d’un concept fourre-tout ou d’un paradoxe qui cache quelque chose de nouveau ?
Des savoirs spécifiques
Le savoir est souvent considéré comme une externalité à l’entreprise, un don de la nature… accessible à tous. La réalité est autre, Ronald Coase, prix Nobel d’économie, a bien posé le problème en 1937. Il s’est interrogé sur la nature de la firme, pourquoi existe-t-il une entreprise, du collectif, au lieu d’avoir une simple somme d’individus ? Dans notre problématique, pourquoi internaliser quelque chose qui existe à l’extérieur de l’entreprise - les universités, voire des organismes de formation ? Et sa réponse est que tout de ne se partage pas aussi facilement, le savoir n’est pas disponible hors de ses murs. Chaque entreprise doit construire des savoirs spécifiques qui répondent à son ADN. Mais la spécificité ne s’arrête pas là, chaque entreprise apprend différemment et donc doit mettre en œuvre ses propres modes d’apprentissage pour développer un avantage concurrentiel stratégique. Le crowdsourcing en est un bon exemple, il ne peut pas s’adapter à toutes les cultures d’entreprise. L’objectif de l’université est de construire une capacité à l’adaptation, à la trans-formation.
Université ou école interne ?
Au fond, l’université renoue avec ses origines. Rappelons-nous que l’université est née, en Europe, au XIIIe siècle avec la naissance d’une communauté autonome par rapport à son autorité de tutelle, les écoles cathédrales. Aujourd’hui la notion de communauté reprend toute son actualité, transformer l’entreprise en hot spot des savoirs qui regroupe l’ensemble de ses membres. Mais ce hot spot doit-il être université ou école interne ? L’école est davantage sur les modes opératoires, alors que l’université d’entreprise est davantage un espace de veille, ce qui en fait un espace de recherche. Dit différemment, l’université d’entreprise est un espace de veille pour anticiper les écoles de demain.
Un outil de communication interne
Mais il ne s’agit pas d’un simple laboratoire, c’est bien beau de savoir où l’on veut aller, encore faut-il en être capable. L’université est la tête de gondole de toute une politique de formation. C’est un lieu de diffusion et de partage des choix stratégiques. L’université est donc un outil de communication interne. Et derrière la tête de gondole, il est nécessaire de structurer les rayons, faire en sorte que l’entreprise se transforme en communauté apprenante, et que les transformations soient l’affaire de tous, se trans-former ensemble.
L’université construit une ambition qui associe connaissance et performance. Savoir écrire des histoires, le story telling,... un Eldorado en quelque sorte, un espace semi mythique qui favorise le voyage et l’action… une nouvelle dimension à l’université qui finalement ne fait que renouer avec son histoire, faire rêver, donner un espoir à chacun.

A propos de l’auteur
Stéphane Diébold
… Il a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA (www.temna.fr) dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, aujourd’hui Vice-président du GARF (Groupement des acteurs et responsables formation) et de l’ETDF (European traning and development federation – Fédération européenne pour la formation et le développement)

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