La crise des marchés boursiers aura-t-elle des incidences sur les formations en management et en finance ? C'est la question que nous avons posée à Christophe Thibierge, coordinateur du département finance à l'ESCP-EAP. Sa réponse est sans ambages. Quels seront selon vous les effets de la crise sur les formations au management et à la finance ? - Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il n'y aura pas énormément d'impacts. Cela peut paraître prétentieux de dire cela, mais tout ce que l'on devait enseigner comme l'analyse des comptes, l'évaluation boursière, la gestion des portefeuilles et des risques, la théorie financière... on le faisait déjà avant la crise ! La crise n'a fait que mettre en lumière certaines matières qui étaient un peu dédaignées par les étudiants. Je pense, par exemple, aux cours de mesure et gestion des risques. Aujourd'hui, les étudiants sont beaucoup plus attentifs à la lecture des bilans, à la mesure des risques des opérations financières et à leurs contreparties. Certaines écoles mettent en place des cours d'éthique. N'est-ce pas une bonne réponse ?
- Nous ne le ferons pas pour deux raisons : d'abord parce que l'éthique est déjà traitée dans chacun de nos cours, et ensuite parce que nous ne voulons pas nous inscrire dans ce qui nous paraît être une mode ou une réponse marketing. Je ne pense pas que le fait d'avoir suivi des cours d'éthique aurait changé le comportement d'un jeune diplômé en poste chez Madoff. En revanche, un bon technicien en finance aurait vu ce qui se passait. Nous préférons d'abord former des gens très affûtés techniquement et doté d'un solide esprit critique. En revanche, la crise a bien un impact sur le marché de l'emploi ? - Oui. Aujourd'hui, la filière des banques d'affaires s'est passablement asséchée alors qu'elle était considérée comme la voie royale par nos étudiants. On constate aussi un intérêt croissant pour des domaines qui paraissaient moins « glamour » comme le financement des entreprises non cotées, qui constitue un métier extrêmement important au regard des trois millions de sociétés que compte ce marché en France. Les étudiants se dirigent aussi de plus en plus vers les directions financières des entreprises, une filière qu'ils avaient souvent délaissée. Propos recueillis par Yves Rivoal



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