La formation est-elle un spectacle, serait-ce plutôt le contraire ? Par Stéphane Diebold

Share |

Le spectacle est partout. Pour être entendu il faut faire son show. On parle de communication transgressive pour faire la différence, si on ne sort pas du lot, on n’existe pas. Le spectacle prend une place nouvelle, il devient plus important que la réalité elle-même. Régis Debray parle d’ailleurs d’une culture nouvelle qui est en germe...
Aujourd’hui, on connait la maladie. Il s’agit de la mal-information, comme il existe la mal-bouffe : trop d’informations tue l’information. Devant le trop plein, chacun de nous est infobèse, et cela à des conséquences fortes. A ne pas pouvoir comprendre la perspective, nous rentrons dans une culture de l’immédiateté, et les nouvelles générations, particulièrement la fameuse génération Y, qui d’ailleurs représente déjà 25 % de la population active, a fait sienne ces nouveaux comportements, ici et maintenant. Alors comment faire pour que la formation soit entendue ?
Tout a été essayé, le théâtre, l’improvisation, la philosophie, la peinture, le chant, les clowns,… le spectacle a fait son entrée dans la formation. Et cela répond à l’air du temps. Le spectaculaire touche tout à la fois la préparation de la formation avec l’organisation du marketing formatif, que la pédagogie qui développe des rythmes différents. L’homo zappiens nécessite des modes d’apprentissage plus rythmés, plus collaboratifs, plus créatifs, et déjà les retours de pratiques sont nombreux. Cette formation plus affective est construite comme des formations à vivre, des aventures personnelles pour l’apprenant. En un mot, la formation cesse d’être une utopie, au sens étymologique, un monde de nulle part pour à nouveau se réintégrer dans la société qui la fait vivre.
Mais la douce musique du spectacle ne doit pas nous tromper, Guy Debord a été le premier à nous mettre en garde contre le spectacle qui endort, qui amuse au sens étymologique du terme, avancer le museau en l’air. La société du spectacle cache le pouvoir. Il devient nécessaire de déchirer le rideau comme le disait Milan Kundera, pour favoriser la lucidité des situations. Sans cette lucidité, il devient difficile de ne pas être béat ou cynique, tel n’est pas l’objet de ce propos. Il existe une voie différente. Et c’est ce que reprend Jean Baudrillard qui nous propose un cadre riche de développements qui portent en germe des outils comme le storytelling (raconter des histoires), la symbolique, et d’autres, pour se faire entendre. Une nouvelle communication qui ne laisse pas insensible la formation.
La formation peut devenir un moteur du réenchantement de l’entreprise à condition de changer sa posture au savoir. Paul Feyerabend nous propose un cadre particulièrement intéressant qui autorise l’individualisation. Mais cela ne s’oppose pas au collectif, bien au contraire, l’individualisation ouvre la nécessite du collectif. Le collectif a besoin d’organiser et d’orienter l’individu. Mais cela se fait dans une autre optique, il ne s’agit plus d’affirmer de façon autoritaire le savoir mais de construire une relation d’influence, de séduction. La formation sort de sa posture de sacralisation pour aborder le savoir en position basse, avec des postures comme le pair à pair ou la sérendipité. La formation devient animatrice de communauté tant dans son rôle d’échange des savoirs que dans son rôle créateur de contenu, on parle de « community manager » et de « content manager ». La formation reprend une dimension stratégique dans l’économie des savoirs, à condition d’être créatif dans les modes opératoires.
TEMNA a choisi d’approfondir ces problématiques avec le lancement du numéro 1 d’une collection « Etudes » gratuite pour partager sur ces sujets. Notre volonté est de présenter dans nos numéros l’essentiel de la littérature pour donner un éclairage classique sur le sujet et surtout d’agiter des voies novatrices porteuses d’avenir. Notre seule ambition est d’être utiles aux acteurs de la formation et de favoriser le partage dans un esprit collaboratif. Alors, à vos claviers et vos réactions… http://www.temna.fr/index.php/contact?view=ckforms&id=1 Bonne lecture. A propos de l’auteur Stéphane Diébold… … Il a mis son expérience au service de l’innovation pédagogique et de la performance en entreprise, au sein de TEMNA (www.temna.fr) dont il est le fondateur depuis 2003. Associatif, il a assumé des responsabilités dans une dizaine d’association, essentiellement formatives, aujourd’hui Vice-président du GARF (www.garf.asso.fr) et de l’ETDF (www.etdf-fefd.eu/fr ) »

à lire également

Dans la même rubrique

RECHERCHER UNE FORMATION

AEC logo


Recherche guidée thématique

Recherche par thème :