La formation, un média comme les autres ? Par Stéphane Diebold

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La formation est-elle un média ? Si par média on entend médiateur, moyen de communiquer un contenu, assurément la formation est un média. Et dans ce cas, les concepteurs de formations devraient s'inspirer de tous les autres types de médias. Ainsi, il est intéressant de voir comment la TV avec son impératif économique, la publicité, « met en société » son contenu. La formation qui cherche à développer l'appétence de son public peut y trouver un espace de benchmark. Qu'y a-t-il de commun entre « Art et ménage de la cuisine » (1953) avec Raymond Oliver et Catherine Langeais, et, Julie Andrieu alors que tous deux proposent des contenus de cuisine ? Julie Andrieu est en société : avec la génération zapping, elle propose sur TF1 « Julie cuisine », une recette de cuisine en 90 secondes ; avec la génération éthique et citoyenne, elle propose sur France 5 « Fourchettes et sac à dos ».
La formation n'a-t-elle donc rien à apprendre ? Prenons un exemple. « Intervilles » créé en 1962 est toujours sur nos écrans, il nous ouvre à la pédagogie compétitive : les fameux rallyes formatifs (par exemple une compétition entre services), on apprend ensemble à faire face à l'adversité. Si l'on est plus sur des apprentissages individuels, la Star Academy peut être une source d'inspiration ou, un Koh-Lanta peut nous montrer l'importance de l'épreuve dans des endroits de rêves, la création d'un univers d'apprentissage cher aux behaviouristes peut trouver résonnance. Assurément la pédagogie fait son entrée dans la TV avec des experts qui expliquent le comment faire, « le coach », « le grand frère » ou tout autre « super nany »... Et pour ceux qui doute de la pédagogie télévisuelle, il y a « panique en cuisine » dont tous les réseaux du franchises ou de succursales devraient s'inspirer : Jean-Pierre Coffe et son équipe arrivent sur un restaurant en difficulté, en une semaine, ils boostent le business sur les fondamentaux et s'en vont mission accomplie. Quel réseau ne rêverait pas de ce commando formatif qui intervient ponctuellement pour suppléer un management complètement dépassé ? Certains réseaux l'ont déjà testé... et ça marche... On ne parlera pas d'un «Question pour un champion » pour stimuler l'apprentissage d'un quelconque savoir technique. Le jeu pour apprendre est déjà largement utilisé, alors, pourquoi ne pas le concevoir en société ?
Serait-ce à dire que la formation est un média comme les autres ? Non. Et c'est Socrate qui le mieux pose le problème dans son dialogue avec le sophiste Ménon. Si l'individu regarde la télévision c'est pour se distraire, pas pour apprendre. Avec la formation, il chercher des savoirs particuliers et des pédagogies efficaces, comment sait-il qu'il doit chercher spécifiquement ce type de savoir, qu'il lui correspondra ? S'il le sait c'est qu'il l'a déjà appris et donc à quoi sert la formation ? Ménon a bien posé le problème, l'individu a besoin d'être initié et c'est le rôle de l'entreprise.
L'entreprise a une obligation de formation et, c'est cette obligation qui va conduire la formation vers une nouvelle fonction, l'orientation. Mais comment ? En choisissant des compétences cibles, en les mettant en société pour donner envie à chacun d'aller dans cette direction et de construire ensemble une aventure collective.
La formation, comme media, doit sortir du 20ème siècle, pour rentrer dans l'ère du 21ème siècle.
A propos de l'auteur :
Stéphane Diebold
est un spécialiste de la formation et du management, avec 15 ans d'expériences dans la direction de la formation initiale (écoles supérieures de commerce) et la formation continue (Midas France, Groupe Galerie Lafayette). Il a mis son expérience au service de l'innovation pédagogique et de la performance en entreprise, en France et à l'étranger, au sein de l'Institut Avicenne dont il est le fondateur.

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